Mar-dites-nous, Eric Chacour

Dans son roman, décidément merveilleux, Eric Chacour nous offre une percée épistolaire décidément sublime:

« Je ne comprenais pas ces lettres mais je les aimais.

Elles te disaient. Je ne pouvais pas encore m’en rendre compte, mais elles étaient à la fois honteuses et sublimes. Elles étaient rédigées dans l’arabe empêché de celui qui a dû apprendre tard à l’écrire. Elles avaient le tracé hésitant, la syntaxe malmenée, elles respiraient l’effort, le doute, la sueur. Elles portaient en chaque mot la crainte, celle d’être ridicules, perdues ou interceptées, de ne jamais te parvenir. Elles sentaient le mauvais papier, la rature et le manque. Elles ne disaient jamais « Je t’aime ». Elles disaient toutes « Je t’aime ».

Ce que je sais de toi, Eric Chacour, roman, Ed. Philippe Rey, 301 pp

 

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