» L’amour est-il justiciable de nos pires fourvoiements ? « 

Il faut croire que oui.

Déboussolée par une rupture amoureuse, la jeune Violaine –  bientôt trentenaire – débarque en plein été  à Nouakchott (Mauritanie), pour traverser le Sahara et opérer le bilan d’une vie assez désastreuse.

« Est-ce que l’on découvre enfin le sens ontologique de l’existence en traversant les étendues démesurées du désert, là où la distance et le temps se dilatent au point de disparaître dans les moires fluides du mirage?  La réponse est catégorique. Le pèlerin solitaire du haut de son erg ne songe, ne peut songer, qu’à des citronnades frappées, des glaçons qui fondent contre le palais, affirme l’écrivain-géologue-explorateur. J’aimerais m’humecter les lèvres mais la salive me manque, l’opération exige un effort considérable.. (…)  je me demande si je ne vais pas mourir de soif sur cette chaussée, ce que je mérite après tout, parce que je suis complètement demeurée, parce qu’on n’a pas besoin d’avoir inventé la poudre pour savoir qu’on ne se balade pas par cinquante degrés en plein après- midi en Afrique sans rien à boire. « 

Elle débride sa sexualité,  enchaîne les mauvais plans et rencontres insolites, évoquant avec une autodérision et un humour confondants le lourd passé familial dont elle est l’héritière.

On rettrouve les souvenirs, liés à son père,  à  Catherine, sa mère, héroïne de Fugitive parce que reine  (Ed. Gallimard 2018) , , les images fortes qu’elle lui inspiire.

Cette  »  Maman, dont le sillage laisse l’air lourd d’un silent éloquent »

Son écriture est saisissante, surprenant cocktail d’élégance, d’émotion et de propos abrupts.

L’écrivain déclarait, lors d’une interview accordée à la Librairie Mollat  qu’elle avait voulu parler de la sexualité en empruntant à la fois le langage d’une Princesse de Clèves que d’une Virginie Despentes.

Opération réussie

Apolline Elter

 Rose Désert,  Violaine Huisman, roman, Ed. Gallimard, août 2019, 236 p