Ce matin-là

« Dans la rue, il lui semble que c’est tatoué sur son front, cousu sur ses vêtements. Que chaque regard croisé peut lire son histoire. Abandonnée. Quittée.Lâchée. Elle erre, c’est une de-quel-amour-blessée, une femme dont on se déprend pour ne pas tomber avec elle. Dangereuse, alors. Salariée à terre et amoureuse délaissée, son monde a éclaté, c’est un univers vide qui lui tient lieu de vie. « 

Elle, c’est Clara Legendre,  chargée de clientèle efficace et  modèle, auprès d’une banque

Mais un matin, so routine s’écroule, sans crier gare, sa vie, son couple – précaire –  part en vrille: c’est le « burn-out » ;  tout semble lourd, pesant, impossible à surmonter, tant dans le cercle amical que celui du travail.

« Être à la hauteur. Bouffées d’angoisse, cœur tambour. C’est un maillage  invisible d’ondes et de réseaux qui l’enserre chaque jour un peu plus, comme cette torture qui consiste  à ligoter la victime d’une manière telle qu’à chaque effort pour se libérer, elle resserre un peu plus les liens, jusqu’à l’étranglement final. « 

Observant avec une précision d’entomologiste le processus implacable  du naufrage, les tentatives maladroites de l’entourage,, au rythme de chapitres courts, factuels et percutants, la romancière « pose la main sur l’épaule » conjointe de Clara et du lecteur et les assiste, finement,  dans la lente, et belle réappropriation de la vie et du sens nouveau qu’elle révèle.

Et  d’ancrere  le salut  dans le bienfait essentiel d’une vraie et fidèle amitié.

« Entendre Cécile, sa voix posée, a fait passer un courant d’énergie en elle; elle se dit qu’il y a des êtres, comme ça, qui ont ce talent, ce don d’éclairer, d’alléger la vie de ceux qui les côtoient, qui savent adoucir les tracas qui leur sont confiés, parfois au risque de trop en porter eux-mêmes. Elle y veillera, en déballant son sac en vrac à ses pieds. il ne faut pas abuser des natures généreuses, peut-être les miracles qu’elles dispensent pourraient-ils se tarir » »

Une lecture recommandée

Apolline Elter

Ce matin-là, Gaëlle Josse, roman, Ed. Noir sur Blanc – Notabilia, janvier 2021, 224 pp

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