Belle-Marquise (3/9)

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 Monsieur de Grignan n’a pas réagi aux lettres de sa belle-mère. Il en faut plus pour démonter cette dernière:

                                     A Paris, vendredi 15 août (1670)

 » Si je vous écris souvent, vous n’avez pas oublié que c’est à condition que vous ne me ferez point de réponse; et dans cette confiance, je vous dirai que je me réjouis de tous les honneurs dont vous êtes accablé. »

On disait donc que je vous ai défendu de m’écrire.

Permettez-moi de vous vanter ma fille:

« Je vois un commerce si vif entre vous et une certaine dame qu’il serait ridicule de prétendre ne rien vous mander. Il n’y a pas seulement a moindre espérance de vous apprendre qu’elle vous aime: toutes ses actions, toute sa conduite, tous ses soins, toute sa tristesse vous le disent assez. Je suis fort délicate en amitié, et ne m’y connais pas trop mal. Je vous avoue que je suis contente de celle que je vois, et que je n’en souhaiterais pas davantage. Jouissez de ce plaisir, et n’en soyez pas ingrat« 

En d’autres termes: ma fille vous aime, cela devrait vous suffire et vous convaincre de me la laisser.

Et puis n’oubliez pas:

« S’il y a une petite place de reste dans votre coeur, vous me ferez un plaisir extrême de me la donner, car vous en avez une très grande dans le mien. »

Et donc:

« enfin, ne cessez pas d’être aimable, puisque vous êtes aimé. »

A suivre.

* Madame de Sévigné – Correspondance. Texte établi, présenté et annoté par Roger Duchêne, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, Tome I, mars 1646-juillet 1675.