André-Marcel Adamek n’est plus

Adamek.jpg« Ton café, il a l’odeur des fêtes et des matins de joie*. »

Vos (nombreux) romans aussi, cher André-Marcel Adamek. Votre décès nous attriste et nous rend orphelins des suites du Roman fauve que nous avions hâte de découvrir. Votre constante bienveillance, joyeuse courtoisie,  vont nous manquer.
Traduits en de nombreuses langues, vos romans échappent à la temporalité de présents éphémères.
Souffrez,  qu’en ce lundi, coutumier des légères pensées, je reproduise, gage d’estime et d’affection,  le texte…de votre madeleine proustienne** :

« L’oie aux queues de cerises

        (Recette régionale)

 

 Prenez une oie et jetez-la dans l’eau bouillante avec trois graines de tournesol, du sel de rivière et un filet de vinaigre bleu.

 

Au préalable, on aura pris la peine de couper les pieds du palmipède que l’on conservera à part dans du formol afin d’en confectionner de succulents potages.

 

Épluchez une tresse d’ail et la suspendez à votre fenêtre comme manière d’éloigner les vampires et autres insectes nuisibles du foyer.

 

Tandis que l’oie se morfond en son bouillon, préparez une farce, par exemple en téléphonant à vos amis pour leur annoncer que vous avez cessé de boire.

 

Dans une jolie casserole en cuivre, réservez 333 queues de cerise de la variété dite petites surettes de Sibérie que laisserez mijoter 33 heures dans une pinte de lait d’ânesse agrémenté de noix de muscade.

 

Servez-vous six décilitres de bon armagnac et versez le reste de la bouteille dans une poêle à bec de lièvre avec une livre de safran et une asperge blonde coupée en rondelles.

 

Quand l’oie a cessé de remuer, ajoutez l’armagnac, les queues de cerises et l’ail exposé à votre fenêtre. Touillez. Laissez réduire trois jours. Servir brûlant avec une purée de noisettes et un clafoutis de chardons.

 

Les meilleurs vins qui accompagneront ce plat sont un muscadet de l’Escaut ou un Merlot de Norvège.

 Adamek »



*Le fusil à pétales, André-Marcel Adamek,  Labor, coll.  « Espace Nord »,  2002, p. 33.

** Recette déclinée pour le recueil Les madeleines de nos auteurs (Ed. Racine, 2008)