Victor Hugo 2/2

Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

  En ce jour anniversaire de la naissance de Victor Hugo (1802) – ce n’était pas hier, je vous le concède – voici la deuxième partie de notre feuilleton-blog, inspiré de l’ouvrage de Max Gallo.

 Victor Hugo se sent vulnérable depuis le décès de Léopoldine. C’est un fardeau qu’il portera toute sa vie, s’adonnant même à une époque (exil à Jersey) à des séances de spiritisme dans le but d’entrer en contact avec elle.

 

Il poursuit cependant ses vies affectives – une nouvelle maîtresse, Léonie d’Aunet – de plume et politique. En 1846,  Claire, la fille de Juliette Drouet meurt et c’est le deuil de Léopoldine qui lui revient de plein fouet.

 

1848, ce sont les émeutes, Paris est en ébullition – la Place royale est baptisée la Place des Vosges. Victor Hugo déménage vers un lieu plus sûr.  Louis Napoléon Bonaparte est élu Président de la République à la fin de l’année.

Les relations entre Victor Hugo et celui qui deviendra trois ans plus tard  l’empereur Louis Napoléon Bonaparte se distendent pour devenir franchement hostiles. Déçu, Victor Hugo invite le peuple à se rebeller contre lui. Cela lui vaudra un exil de 19 ans.

 Exil 

Exil qui le conduit d’abord à Bruxelles. Victor Hugo habitera sur la Grand-Place de Bruxelles tandis que Juliette Drouet à qui il doit la vie et la sauvegarde de sa malle de manuscrits, s’installe dans la Galerie Saint-Hubert. Il écrit Napoléon le Petit,  entièrement dirigé contre l’Empereur. Cela lui vaut un deuxième exil – La Belgique ne peut / veut plus le garder en ses frontières –  « l’exil dans l’exil » qui le mène à l’île de Jersey. Il rassemble les siens, Adèle et ses enfants, autour de lui. Le livre fera fureur. Il s’attelle à la rédaction des Châtiments  guère plus amène envers son ennemi. L’exil convient à son inspiration, à son combat et aux aventures charnelles de plus en plus nombreuses qu’il s’offre.

Le ciel se gâte bientôt  – dû à un rapprochement entre la Reine d’Angleterre et L’Empereur honni – et VH reçoit un ordre d’expulsion. Exit Jersey, direction Guernesey, l’île voisine.

 

Il y passera des années très heureuses mais beaucoup trop recluses pour le reste de sa famille, Adèle, son épouse, ses deux fils et surtout, Adèle H, sa fille,  follement éprise d’un lieutenant Pinson, passion qui la mènera à la folie. Sans compter Juliette maintenue en captivité constante mais consentie.

 

Le 16 mai 1856, il achète Hauteville House, produit des deux premières éditions des Contemplations.

 

En 1860, il se replonge dans la rédaction des « Misérables », commencé douze années plus tôt. C’est une œuvre majeure de la bibliographie de Victor Hugo. Elle sonne comme l’expression de sa philosophie, son testament politique et religieux «  Je crois en Dieu. Je crois à l’âme. Je crois à la responsabilité des actions. Je me recommande au père universel. Comme les religions en ce moment sont au-dessous de leur devoir envers l’humanité et envers Dieu, aucun prêtre n’assistera à mon enterrement et je laisse mon cœur aux doux êtres que j’aime. » (p275)  L’œuvre, achevée fin  juin 1861, à Waterloo et publiée l’année suivante, l’année de ses soixante ans : « Ma conviction est que ce livre sera un des principaux sommets, sinon le principal de mon œuvre » (p 295) La vente des premiers exemplaires a des allures de vente Harry Potter. (cfr p 301).

 

Les années passent. Son épouse Adèle meurt en 1868 d’une attaque d’apoplexie. Il découvre avec bonheur la joie d’être grand-père, attentif et  attendri par George et Jeanne, les enfants de son fils Charles. Il consignera cette expérience dans L’art d’être grand-père. Le 5 septembre 1870 sonne la fin de l’Empire (4 septembre) et de 19 années d’exil. Cette date consacre son retour à Paris, entrecoupé, en 1871, de quelques séjours belges et luxembourgeois lors des batailles civiles de 1871.

 

Victor Hugo vieillit et sent l’imminence de la fin depuis de longues années. Seuls l’appel de la chair, l’attrait des jeunes servantes qu’il rétribue pour leurs services et dont il consigne toutes les rencontres dans ses carnets et sous des noms de code, lui procurent inspiration et sentiment de jeunesse. A ses côtés, depuis toujours Juliette Drouet l’observe avec une jalousie qui a pour corollaire la générosité sans faille de sa passion. Elle s’éteint le
11 mai 1883 au terme d’un demi-siècle d’amour absolu.

 

Victor Hugo meurt le 22 mai 1885, à l’âge de 83 ans. Enterrement en grandes pompes. Sa dépouille sera placée au Panthéon.

Victor Hugo. 2. Je serai celui-là, Max Gallo. En édition de poche (Pocket) Paris, juin 2005, 607 pp

                 Un déjeuner hugolien réunira, ce jour, dix lecteurs de l’Evénement, à La Librairie (Halle des Tanneurs – Bruxelles). Compte rendu dans nos prochains billets.