Un été à Long Island

C’est au coeur, du couple formé par Antoine et Consuelo de Saint Exupéry que nous convie le biographe.

Une intimité fébrile, , une relation complexe, orageuse, ponctuée de nombreuses infidélités conjugales dans le chef  principal de l’insatiable Tonio.

Un Tonio très mal dans sa peau, en cette année 1942; Il vit avec peine son exil à New York; exclus d’une participation active à la guerre, lui qui rêve de rejoindre son escadron. En porte-à-faux avec cette vie new yorkaise qu’il méprise, il se sent pareillement honni des siens, ceux qui combattent au front. Il installe à l’hôtel, Consuelo, venue le rejoindre en décembre 1941 et poursuit ses frasques amoureuses, jaloux des fréquentations de son épouse et, en particulier,  de cette mouvance surréaliste et amicale qu’il ne peut souffrir. 

Il n’est guère étonnant que Consuelo entame, dans ces conditions, une procédure de divorce. Mais Antoine ne l’entend pas de cette oreille, qui tient mordicus au respect sacré de son engagement religieux

C’est dans ce climat morose, compromis et toxique que jaillira une idée de génie.

Elle provient de son éditeur Eugène Reynal. Lequel, tout heureux du succès américain de Flight to Arras (Reynal & Hitchcock, 1942 – paru en France et un bien moindre retentissement sous le titre Pilote de guerre- Ed. Gallimard 1942), et tout soucieux de la santé mentale de l’écrivain, lui suggère la rédaction d’un conte, illustré de ses propres dessins. 

L’idée se fait chemin dans l’esprit de Saint Exupéry – peut-être était-elle en germe – relayée d’enthousiasme par Consuelo. Et celle-ci de louer une maisonnette de bois, sur la plage de Westport ( Etat de New York) avant de jeter son dévolu sur la magnifique demeure Bevin House, à Long Island – un  petit « Versailles » aux dires d’Antone – gracieusement prêtée par un de ses lecteurs.

Muse, inspiratrice avérée de la rose du Petit Prince, Consuelo créera de toutes parts, le terrain propice à la rédaction du Petit Prince, chef-d’œuvre mondial de la littérature.

Le séjour dans les murs de Bevin House aura à coup sûr un effet thérapeutique sur l’humeur d’Antoine et la survie de leur couple.

« Il leur semblait qu’ils avaient tous deux surmonté les pires difficultés, les jalousies, les intrigues. Ils avaient triomphé de tout. Long Island serait une sorte de souvenir fétiche qu’ils garderaient dans leur cœur. Promesse d’amoureux romantiques, désir d’idéal: «tout recommençait », comme disait Consuelo. « 

A. Elter

Un été à Long Island, Quand Saint Exupéry écrivait Le Petit Prince, Alain Vircondelet , essai, Editions de l’Observatoire, janvier 2022,  246 pp

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