L’homme qui voyait à travers les visages

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Augustin Trolliet croupit, pâle stagiaire SDF, au sein de la rédaction d’un sordide quotidien « carolo », entendez de Charleroi (en Belgique)…  Mais notre (anti-) héros, narrateur de cette fiction déconcertante, est doté d’un don peu commun: il repère les morts qui gravitent autour de ses interlocuteurs, les harcèlent et leur font parfois commettre de mauvaises actions.

Témoin et même légère victime d’un attentat djihadiste, perpétré à la sortie d’une messe…  Augustin aura maille à partir avec les enquêteurs: sa science des morts est par trop suspecte… Ajouté à cela qu’il entre en contact avec le jeune Momo Badawi, frère dd’Hocine, le kamikaze péri dans l’attentat, et avec l’ordinateur portable de ce dernier.

La vie ne comporte heureusement pas que de mauvaises rencontres. Amené à interviewer le célèbre écrivain Eric-Emmanuel Schmitt, en son château-ferme de Guermanty, Augustin va nouer avec lui une conversation de haute facture philosophique, nourrie d’humanité et  révélations intimes qui sont tant de présents que l’écrivain fait à ses aficionados. Les génies qui l’entourent, peuplent sa vie – Charles de Foucauld, Mozart, Diderot, Colette, Blaise Pascale….- prouvent à l’envi « que l’on n’est jamais seul quand on écrit. »

A cet honneur s’ajoute bientôt celui de rencontrer Le Grand Oeil, à savoir, Dieu en personne et de l’interroger pareillement. Moyennant, bien troublante, l’ingestion de substances hallucinogènes… 

Un dialogue alerte s’ensuit qui éclaire les relations de Dieu et de ses bien imparfaites créatures, à l’aune de trois publications majeures: les Ancien et Nouveau Testament, le Coran:

 » Je renonce aux récits parfois embroussaillés de l’Ancien Testament, je me détourne des paraboles du Nouveau Testament. Leur impact m’avait déçu (…) Dans le Coran, je me montre pragmatique. Je rédige des prescriptions. » 

 Une légèreté qui habille, ne passons pas à côté, un syncrétisme religieux prodigieusement maîtrisé.

Le  message majeur de cette aimable fiction consisterait-il à nous enjoindre de lutter contre les amalgames…  et cet obscurantisme régressif dans lequel les Islamistes entendent nous enfoncer.

Il s’assortit d’une solution:

« Notre destin réside dans les mains de ceux qui, hélas, provoquent la réserve: les musulmans. Qu’ils se montrent sans complexes, s’opposent aux islamistes, affichent les valeurs qu’ils partagent avec les non-musulmans. Et qu’artistes, intellectuels, journalistes de tout bord participent à ces éclaircissements. La crise spirituelle ne sera dénouée que spirituellement. »

Le roman foisonne – EES oblige – de nombreuses autres de pistes de  réflexion, tant il est vrai que: 

« Le livre propose, le lecteur dispose. La lecture fait la qualité d’un livre. »

Je vous invite à la vôtre

Apolline Elter

 

2 commentaires sur “L’homme qui voyait à travers les visages

  • TT 7 septembre 2016 at 18 h 05 min

    Joliment chroniqué Apolline ! Merci.
    C’était un régal de vous lire.

  • Apolline Elter 7 septembre 2016 at 19 h 13 min

    Vous me comblez de joie. Merci très chère TT
    Apolline

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