Les secrets de la mode

url (56).jpg

 » La couture n’est pas un art mais une école de patience où le hasard fait des pieds de nez au génie »

Avocat à Paris et New York, ancien directeur juridique d’Yves Saint-Laurent, directeur général délégué du Groupe Gucci, Yann Kerlau connaît on ne peut mieux le milieu du luxe, de la mode et de la haute couture.

D’une plume alerte, précise, élégante, en un mot, magnifique, soutenue de recherches bibliographiques impressionnantes, il trace le destin de dix-huit noms mythiques de la mode.

Père de la haute couture, Charles-Frederic Worth habille Sissi, invente le défilé de mode; avec panache,  fastes et …démesure, Paul Poiret fait connaître le milieu de la (haute) couture, invente la gaine si précieuse à la femme; avec ses pull-over, bonnets, vestes fortement épaulées, ses idées géniales et paradoxales, Elsa Schiaparelli ouvre l’ère du prêt-à-porter et des prix ..raisonnés.

Qu’y a t-il de commun entre l’austère, méticuleux  Cristóbal Balenciaga, le « pape de la couture  »  et Amancio Ortega, fondateur de Zara?

 Fondée sur l’intemporalité, la structure de ses coupes et les copies de grandes maisons,  Zara ouvrait sa première boutique à La Corogne, en 1975; depuis, la société a accompli un parcours colossal, plaçant Ortega à la troisième place des plus grandes fortunes mondiales.

Velléitaire notoire, Christian Dior doit à sa rencontre avec le richissime Marcel Boussac l’avènement à la gloire.  Yves Saint-Laurent, quant à lui, doit à Pierre Bergé, la gestion avisée de son génie. L’homme qui habilla la femme, lui offrit le pantalon et un style unisexe très…sexy connut un succès planétaire. Au point que des rétrospectives de son art furent organisées, de son vivant,  dans des lieux mythiques, à commencer par le Metropolitean museum de New York.

Côté anglais, si Mary Quant et Vivienne Westwood, conceptrice de la mode punk et des crêtes sur tête, ruent dans les brancards  d’un certain establishment, Stella Mc Cartney, fille de Paul, opère une « révolution de velours », misant sur des valeurs authentiques et une simplicité d’approche tout à fait sympathique.

L’Amérique et le Japon se partagent les destins féérique, de Ralph Lauren,  en dents de scie de Diane von Furstenberg – née en notre pays-  contrastés d’Issey Miyake, « l’homme d’un ballet lent« , Kenzo   et Yohji Yamamoto.

Que la Ville-Lumière se rassure:

« Qu’on le veuille ou non, Paris reste en Europe le lieu de toute consécration. Aux yeux du monde entier, la Ville lumière brille de tous ses feux et sert d’aimant aux ambitieux. Joailliers de la place Vendôme, maisons de haute couture de l’avenue Montaigne ou de la rue du Faubourg-Saint-Honoré, la capitale française demeure l’un des plus beaux écrins que les hommes aient jamais conçus. »

Une épopée décidément  fabuleuse, une lecture riche, instructive, délicieuse.

A découvrir sans restriction!

AE

 Les secrets de la mode, Yann Kerlau, essai, Ed. Perrin, février 2013, 440 pp, 23 e

Billet de faveur

AE :  Combien de temps a pris la gestation de pareil ouvrage, Yann Kerlau :

Yann Kerlau : Quinze mois, sans compter les quinze années passées professionnellement dans des sociétés qui avaient le culte du beau comme de l’excellence.  

AE :  Votre sympathie pour Stella Mc Cartney transperce les pages ; contre toute attente, vous ne parlez guère de Gabrielle Chanel : aucun chapitre ne lui est consacré.

Yann Kerlau : Je n’ai pas voulu reparler dans ce livre de Chanel même si la maison y est largement évoquée, via Karl Lagerfeld car j’avais consacré un très long chapitre à l’histoire de Gabrielle Chanel dans mon précédent ouvrage « Les dynasties du luxe« . Je l’ai d’ailleurs précisé dans l’avant-propos des « Secrets de la mode ».

 AE :  Avez-vous rencontré personnellement quelques-unes des figures que vous décrivez si subtilement ?

Yann Kerlau : Oui, j’ai bien sûr rencontré nombre de couturiers dont Stella Mc Cartney, Alexander Mc Queen, Yves Saint Laurent, et quelques autres.

 Ndlr: Le 19 mars,  Yann Kerlau était l’invité de Franck Ferrand et de son émission  » Au coeur de l’histoire »; je vous invite à en podcaster l’entretien au départ du site d’Europe 1.