Les raisons de la colère

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   » Trump, c’est l’instinct plus les milliards. »

 

 Donald Trump s’apprête à investir la Maison Blanche, le 20 janvier prochain. Il est bon de savoir à qui le monde aura à faire. Le portrait qu’en trace le journaliste André Bercoff a d’autant plus de validité, à notre sens, qu’il fut publié en septembre, devançant de deux mois le choc du résultat électoral. Que l’auteur était alors un des rares journalistes français à avoir approché le milliardaire.  Et qu’enfin,  il observe le phénomène avec une lucidité courtoise, non courtisane.

La lecture de l’essai nous permet de décrypter une réalité américaine dont nous n’avions sans doute pas pris juste mesure. De la confronter à une mentalité européenne passablement différente.

«  Il y a là, pour la première fois depuis longtemps en politique, un condensé fascinant d’histoire américaine qui réunit en un seul personnage, le prédicateur et le richissime, le tribun et l’entrepreneur, la célébrité people et l’aspirant au pouvoir suprême. »

 Plus fier qu’Artaban de sa réussite matérielle – malgré des années 1990 difficiles  durant lesquelles « ses sociétés croulaient sous la bagatelle de 3, 5 milliards de dollars de dettes « –  Donald Trump se veut modèle du Winner, recette incarnée du fameux  » American Dream« , remodelé en tendance XXIe siècle. De là à se prendre pour Dieu le Père,  il n’y a qu’un pas, sans doute déjà franchi par le septuagénaire à l' »oriflamme [NDLR: capillaire ] flamboyant. »  Jouant sur l’émotion plutôt que la raison d’une  certaine Amérique  en colère,  le mégalomane professe un avis tranché sur toutes les questions de société. Y compris en matière de lutte contre le terrorisme. Pour preuve, il porte toujours une arme sur lui et le recommande…

S’il songe depuis une quinzaine d’années à mettre son extraordinaire compétence au service du peuple d’Outre-Atlantique,  Donald Trump a  pris appui sur l’audience colossale que lui vaut, dix  années durant, sa participation à l’émission de téléréalité The Apprentice, avant de faire le grand pas.

« Franco de port », exhibant sans vergogne ses  nombreux dollars, Donald Trump semble n’avoir rien à cacher- qu’une éventuelle calvitie recouverte d’une « choucroute royale » quotidiennement laquée… Efficace dans sa communication, auto-gérée, farcie de raisonnements pragmatiques, [NDLR: courts, violents et dangereux] taillés à l’emporte-pièce,  il se sait fascinant, voire..attachant.

C’est le propre des grands séducteurs et particulièrement d’un homme exempt de toute addiction aux boisson, tabac et drogue mais pas à celle du sexe faible: Donald Trump aime les (jeunes et nécessairement sculpturales) femmes.

Un homme qui veut stigmatiser l’incompétence de ses prédécesseurs, galvaniser le succès des  (meilleurs des) êtres qu’il voit, à son image

 Un homme qui veut représenter, à l’usage exclusif de son pays, la baraka, de l’après- Obama.

 Donald Trump, Les raisons de la colère, André Bercoff,  essai, Ed. First, oct. 2016,