La Villa Empain et la Fondation Boghossian: La rencontre de l’Occident et de l’Orient

Le hall d'entrée de la Villa Empain restaurée.JPEG

Construite en 1930 par l’architecte suisse Michel Polak– on lui doit également le Résidence Palace (rue de la Loi, à Bruxelles)  – sur la commande du Baron Louis Empain, la Villa affiche,  par la pureté et la sobriété de ses lignes, le style Art Déco qui fait fureur à l’époque. Ledit Louis a alors 22 ans. Il  n’y habitera  que quelque neuf mois, célibataire, avant de partir pour le Canada.

Sobriété des lignes mais extrême richesse des matériaux – le marbre y sévit à profusion rappelant que le père de Louis, Edouard Empain,  doit le début de son immense fortune à la marbrerie qu’il a créée.  

1937: Mu par un dessein généreux Louis Empain fait donation de la maison à l’Etat belge, sous l’expresse condition de l’affecter aux arts décoratifs. Il est question d’en faire un musée. La guerre ne l’entend pas de cette oreille, les Allemands non plus qui s’y installent quelques années durant sans toutefois la dégrader. Certaines rumeurs prétendent que c’était un siège de la Gestapo mais elles n’ont jamais pu être prouvées.

Oubliant la convention de la donation, Paul-Henri Spaak décide, après-guerre, de proposer la Villa Empain à l’Ambassade de Russie. Le baron Empain voit rouge – c’est de circonstance- et entreprend de rétracter sa donation. Il obtiendra gain de cause quelques années plus tard. Vendue en 1973 à un tabatier d’origine arménienne, la Villa sera louée à RTL qui l’entretiendra en bonne chaîne de famille. C’est dans les années ’90, lorsque la chaîne quittera les lieux , que les choses vont se corser ou plutôt gravement se dégrader. Le classement de la villa en 2001 n’aura pas raison de la déchéance ambiante.

La bonne étoile sourit cependant et entreprend Jean Boghossian, diamantaire anversois, d’origine arménienne, d’un vrai coup de foudre à l’égard des lieux. Il décide, avec son frère Albert, résidant en Suisse, d’y affecter le siège de la Fondation Boghossian, créée avec leur père Robert. Nous sommes en 2006 : la famille Boghossian s’apprête à injecter 5, 5 millions d’euros pour les travaux de restauration, coordonnés par Diane Hennebert.  L’ensemble est superbe,  la luminosité  des lieux est irrisée de lumières  tamisées  – excellentes pour le teint – et indirectes, dans la pure tradition de l’art de l’époque.

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Oeuvre du Français Jean-Michel OTHONIEL, le collier qui se pavane dans le vaste hall d’entrée, rappelle la tradition joailllière de la famille Boghossian. Il évoque également les colliers en Murano.

L’exposition qui se tient actuellement à la Villa Empain traite des relations et des confrontations culturelles entre l’Orient et l’Occident*. On ne pouvait trouver meilleur écrin pour les oeuvres exposées – dont une série de pièces de la Maison Cartier.  L’occasion pour nous Occidentaux de nous rappeler la suprématie de l’Orient en matière de porcelaine (le fameux kaolin de Chine), de verre, parfums, épices , papier et travail du laque.

Une mention aussi pour la pièce qui figure l’ancienne salle de bain, tapissée de mosaïques colorées disposées selon la méthode de l’ « opus sectile » qui évoque les trencadis du modernisme catalan.

Une visite à ne pas manquer.

Ainsi que celle, virtuelle, du site officiel: www.villaempain.com

AE

 Villa Empain – Foudation Boghossian – Avenue Franklin Roosevelt, 65 B – 1050 Bruxelles

* Itinéraires de l’élégance entre l’Orient et l’Occident (du 23 avril au 31 octobre 2010)

Copyright photo hall d’entrée: Georgesdekinder.com

Un commentaire sur “La Villa Empain et la Fondation Boghossian: La rencontre de l’Occident et de l’Orient

  • Un petit Belge 2 octobre 2010 at 10 h 35 min

    La Villa Empain, c’est toute mon enfance…lorsque je regardais l’émission de Sabine Mathus avec Etienne et Eugène et qu’on devait envoyer les réponses aux concours à l’avenue Franklin Roosevelt. Nostalgie quand tu nous tiens… Je suis très heureux de cette nouvelle vie pour la Villa Empain.

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