Il faut beaucoup aimer les hommes

Il faut beaucoup aimer les hommes Le hasard de la programmation nous amène à publier, ce jour, la chronique de l’ouvrage attributaire du Prix Médicis.  Signe? Coïncidence ? 

« Est-ce que je suis amoureuse de lui? Est-ce que c’était ça l’amour, cette façon d’attendre et maintenant, de regarder bouger les belles lèvres sur les belles dents sans écouter? Elle avait envie de l’embrasser. Il parlait avec animation, élocution ardente, rondeur un peu mouillée et gravité de gorge. Comme si l’intention de son premier silence vibrait désormais dans ses  mots. »

Revenue sur le devant de la scène et pas des moindres – nous sommes à Holywood – l’ado Solange de Clèves  (P.O.L. 2011) est trentenaire. Sur le plateau de tournage, elle tombe  amoureuse de Kouhouesso, « citoyen canadien, né au Cameroun anglophone« , second rôle, magnétique d’ébène beauté.

Le roman se fait alors passion- presque à sens unique car Kohouesso est enceint d’un projet qui l’accapare entier: réaliser, au Congo, le film du roman de Conrad, Au coeur des ténèbres-  il est aussi attente.

Affrontant de plein fouet les tabous -dont celui de l’asservissement féminin  – Marie Darieussecq prolonge le paradoxe exprimé  par Marguerite Duras, dans Une vie matérielle – Marguerite Duras parle à Jérôme Beaujour , P.O.L 1987 )  »  Il faut beaucoup aimer les hommes. Beaucoup, beaucoup. Beaucoup les aimer pour les aimer. Sans cela, ce n’est pas possible, on ne peut pas les supporter »

AE

Il faut beaucoup aimer les hommes, Marie Darieussecq, roman, P.O.L,sept. 2013, 315 pp, 18 €