Haussmann

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« Contrairement à ce qu ‘Haussmann laissa entendre par la suite, Napoléon III ne lui confia pas tout d’un coup, comme sous l’effet d’une illumination, la conduite de la mission la plus personnelle qu’il se soit jamais assignée. Il comptait pour cela s’entourer d’une commission chargée de mettre en forme, d’évaluer et de planifier systématiquement -les projets qu’il caressait pour sa capitale. Les Mémoires en font état, succinctement-, ainsi que de la contrariété que ressentit leur auteur à ce sujet: « L’Empereur avait jugé bon de constituer une commission, composée de divers personnages qu’il me désigna (<< commission officieuse », dont le préfet de la Seine faisait partie de droit), pour étudier, avec lui, chacun de ces projets et arrêter le plan du réseau général de toutes les nouvelles voies publiques à ouvrir successivement dans Paris.(…) « 

Conscient du « clair-obscur » qui subsiste mordicus autour des personne et oeuvre du célèbre préfet de la Seine, du côté idéalisé, bien approximatif, de ses propres Mémoires, Nicolas Chaudun entend leur restituer vérité, évaluer la part exacte de l’action d’Haussmann dans la transformation radicale de Paris,  entamée sous le Second Empire. La tâche est colossale; elle est sensible tant l’oeuvre d’urbanisme et d’édification d’immeubles, créations de parc, d’un réseau d’égoûts, ….fonde l’identité de la Ville Lumière, exécution d’une vision d’ensemble et de travaux pharaoniques impulsés par l’empereur Napoléon III.

 Un essai de haute facture, qui soutient, à l’évidence, la visite de l’exposition, au Pavillon .. de l’Arsenal, évoquée, ce lundi 1er mai (voir billet), conclu d’une précieuse chronologie et d’un index des personnages cités.

Nous laissons à l’auteur le mot de la fin :

« Bourgeois ordinaire, fonctionnaire exemplaire, exemplaire de la carrière comme de la lente émergence d’une technocratie, Haussmann est le pur produit de son temps. Il en incarne à la fois les conquêtes et les rigidités. Rallié à la monarchie de Juillet, il se fait l’adepte d’un matérialisme libéral, fondé sur la communication et les échanges, et qui seul, selon lui, peut guérir le royaume de ses tentations réactionnaires. Le triomphe de l’argent contre la race, du progrès contre la pérennité, de la science contre la conscience, Haussmann l’assume donc, et crânement, mais dans les limites que lui fixent bientôt des réflexes de classe. »

 Haussmann, Georges Eugène, Préfet-baron de la Seine, Nicolas Chaudun, essai, Ed. des Syrtes, 2000 (1re publication), Actes Sud 2009, Babel, 2013, 366 pp