Chère George Sand

9782253061793FS.jpgNotre semaine thématique consacrée à George Sand est déjà bien entamée; il nous faut revenir sur la superbe biographie que lui consacre Jean Chalon. Paru en 1991, aux éditions Flammarion, l’ouvrage a heureusement fait l’objet de rééditions en « Livre de poche »

 

Arrière petite-fille du Maréchal de Saxe, Amantine-Aurore-Lucie Dupin de Francueil naît en 1804, du couple hybride que forme son père, Maurice avec une demi-mondaine, Sophie-Victoire Delaborde. La mort accidentelle de Maurice Dupin, en 1808 aura raison de sa cellule familiale: sa mère accepte de la confier à sa grand-mère paternelle, moyennant l’octroi d’une rente… Aurore vivra ainsi, à Nohant, aux côtés d’Aurore de Saxe, sa grand-mère, jusqu’à l’âge de 13 ans:

« Mal aimée par sa mère qui ne voit en elle qu’une bonne rente, mal aimée par sa grand-mère qui ne voit en elle qu’un autre Maurice, c’est le destin sentimental de Sand la mal-aimée qui se joue dans cette Aurore de onze ans. »

Placée au couvent par sa grand-mère, elle revient à Nohant soigner celle-ci des suites d’une crise d’apoplexie. Aurore de Saxe meurt le 26 décembre 1821 –  » Tu perds ta meilleure amie  » – laissant le domaine de Nohant à sa chère petite-fille .

 Le mariage avec Casimir, baron Dudevant,  la naissance de Maurice, son fils chéri, le « Parfait » et de Solange, sa fille rebelle, est  le prélude, trompeur, d’une vie amoureuse et passionnelle très remplie. La naissance de Solange dont la rumeur attribue la paternité à Stéphane Ajasson de Grandsagne, consacre la fissure du couple Dudevant , ouvre le bal, d’une série interminable d’amants: l’idylle avortée avec Prosper Mérimée est rachetée par la liaison orageuse qu’elle entame avec Alfred de Musset; Pietro Pagello, Michel de Bourges, Marie d’Orval, Frédéric Chopin, …seront les attributaires de l’amour passionnel, généreux et volontiers maternel qu’ils inspirent à l’écrivain.  Sa dernière longue liaison – 15 ans – avec le jeune Alexandre Manceau signe, heureusement, le temps de l’apaisement.

Eprise de musique, de justice, de nature et de confitures, généreuse et accueillante  – Nombreux sont ceux qui succomberont au charme des séjours à Nohant – romancière et épistolière de génie,  la « châtelaine républicaine » n’hésite à prendre sous son aile, les jeunes talents débutants. En témoigne l’amitié indéfectible qui la lie à Gustave Flaubert et Alexandre Dumas junior. Affrontant les tempêtes d’une vie sentimentale et d’écriture intense, toujours elle se relève et renaît, adorable phénix,  de ses cendres.

La vieillesse semble n’avoir prise sur elle, qui se proclame à l’envi, heureuse de vieillir.  Elle a fait de sa vie un roman, de sa personne, un portrait très attachant.

Très chère George Sand

Apolline Elter

Chère George Sand, Jean Chalon, biographie, Flammarion, 1991 (réédition en Livre de Poche, n° 9518)