Carnet d’un imposteur

téléchargement (6).jpg«  A six ans,  je ne parlais toujours pas. Mon cerveau était différent. (…) 

Alors j’ai réorganisé mon cerveau comme s’il était un grand grenier vide. Pendant la journée, j’y entassais les connaissances et, le soir, je les rangeais dans les bonnes cellules. J’ai divisé cette pièce en trois parties: le travail, la mémoire et le jeu. »

Lire Hugo Horiot, l’observer parler, c’est faire fi de bien des a priori en matière d’autisme.

Et cela fait grand bien.

Sauvé de l’internement en hôpital psychiatrique par l’amour d’une mère, sa confiance dans les possibilités de son enfant, Julien Horiot se fait Hugo: il enterre, à six ans, prénom et prime enfance, émerge d’un mutisme forcené et endosse avec une surprenante maturité le rôle que la société attend de lui. De là à devenir comédien , il n’y a qu’un pas que le jeune adulte franchit avec allégresse, frotté à l’enseignement d’un « vieux fou aux paroles sages » ,  dans lequel nous pensons bien reconnaître Pierre Debauche.

S’il ne prétend pas faire un traité d’autisme, Hugo Horiot nous enseigne de mots justes et choisis, son rapport à la vie,  à chacun des concepts qui régissent les têtes de chapitres – Julien – Hugo – L’école –  être père, ….la nécessaire distance qu’il lui faut maintenir , sur laquelle repose son adaptation sociale.

D’aucuns se perdent dans le miroir d’un masque si réussi, qui crient à l’imposture  –  » Ce type est un complot financé par la psychanalyse! –  D’autres ouvrent leurs écoutilles et prennent espoir

Le témoignage est d’or, qui rend hommage – aussi – à la force de conviction d’une mère, la sienne, Françoise Lefèvre, militante ardente d’un combat solitaire. Elle le consigne , en 1990,  dans Le Petit Prince cannibale (Actes Sud) , récit qui lui vaut le Goncourt des Lycéens.

A conseiller,  en complément de la lecture de l’essai : la vision de la rencontre mère – fils organisée le 28 mai 2013, par les éditons Iconoclaste ( Daily Motion et le site d’Hugo Horiot : www.hugohoriot.com )

Carnet d’un imposteur, Autoportrait de l’autiste en comédien, Hugo Horiot, essai, Ed. Iconoclaste, août 2016, 158 pp