Chère Madame de Sévigné (4/*)

  "Consciente d’avoir trop favorisé la cour assidue de son cousin Bussy et d’être entrée dans ses gaillardises avec plus de facilité qu’il convenait à une jeune veuve, Mme de Sévigné décida de se défier de cette "amitié qui ressemblait assez à l’amour". Elle lui interdit de lui adresser des "poulets" (les billets doux pliés en forme de cocotte) "*

  Le froid est désormais consommé entre les cousins.

 Digne petite-fille de Sainte Jeanne de Chantal, la marquise ne cèdera, du reste,  à aucun de ses admirateurs, les engageant, tel le surintendant Nicolas Fouquet, à se contenter de son amitié. Elle suivra, avec loyauté, la chute de ce dernier et fera de son procès, fin 1664,  une relation limpide, en quatorze lettres,  à l’intention de Simon Arnauld de Pomponne, ami commun, contraint par le roi à l’exil.

Ce reportage , au style vif et précis, dévoile déjà le talent épistolaire que possède la marquise et qui trouvera sa plénitude dans la correspondance avec sa fille.

Pourtant, nuance le professeur Duchêne : "Elle a beau savoir, comme tous les mondains cultivés, que la lettre est "une conversation en absence", elle trouve que c’en est un trop pâle substitut. Jamais cette parfaite épistolière n’aura pleine confiance dans l’écrit. Dès 1649, elle affimait à son ami Lenet " Une heure de conversation vaut mieux que cinquante lettres" Elle ne changera jamais d’avis." (p 48)

 A suivre…51W94AFZXFL__SS500_

* Chère Madame de Sévigné, Roger Duchêne, Découvertes Gallimard, 1995 (réédition 2004) p 33