Florence Aubenas au Salon du Livre de Paris

 Rappel de la chronique parue le 18 mars sur ce blog

Le quai de Ouistreham

 » Ils ne m’entendaient pas, ne me voyaient pas. Je n’étais pour eux qu’un simple prolongement de l’aspirateur, la même mécanique, tout juste agrémentée d’une blouse et de gants en plastique. »

 

C’est à une vraie démarche journalistique que Florence Aubenas – grand reporter au Nouvel Observateur – se livre: explorer, sur le terrain, la précarité des emplois peu qualifiés.

 

Teinte en blonde, le regard dissimulé par le port permanent de lunettes, l’ex-otage ravie, en 2005, lors d’un reportage en Irak, s’installe à Caen, en février  2009 et parvient,  curieusement,  à garder l’anonymat: elle plaidera, aux rares personnes qui penseront la reconnaître, la coïncidence de l’homonymie.

 

Son âge avancé – 48 ans, en 2009  – et un  CV rendu vierge de toute expérience professionnelle la classeront, auprès des agences « Pôle emploi » dans la catégorie des « Hauts risques statistiques ». Le seul débouché envisageable impose une formation d’agent d’entretien et la disposition inéluctable d’une voiture.

 

Un récit de galère, celle des emplois précaires, des horaires, du rythme de travail et de quelques scandaleux faits d’exploitation s’entame, qui décrit finement les relations humaines qui se tissent à tous les niveaux. L’écriture de Florence Aubenas allie la précision journalistique et le rythme alerte à quelques traits d’humour bienvenus.

L’expérience se conclura,  en juillet 2009, lorsque Florence Aubenas décrochera le  CDI qu’elle s’était fixé comme enjeu:

« Parmi les règles que je m’étais fixées, il y avait celle d’arrêter cette expérience dès qu’on me proposerait un contrat de travail définitif. Je ne voulais pas bloquer un emploi réel. »

 

Apolline Elter

Le quai de Ouistreham, Florence Aubenas, éd. de l’Olivier, fév. 2010, 276 pp, 19 €

Salon du Livre de Paris: Florence Aubenas dédicacera son ouvrage, ce jour, de 15h à 17 h, auprès du stand  L82 des Editions de l’Oliver, ainsi que mardi 30, de 17h à 18h.