Rose

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« Comme tous les Parisiens, nous savions que des parties de notre ville devaient être rénovées, mais jamais nous n’aurions imaginé un tel enfer. (…) Vivre à Paris sous le règne de notre empereur et de notre préfet était comme vivre dans une ville assiégée, envahie chaque jour par la saleté, les gravats, les cendres et la boue. »

Sortie, ce jeudi 3 mars, du nouveau roman de Tatiana de Rosnay qui nous plonge dans le Paris du Second Empire et de l’expropriation d’une partie du quartier Saint-Germain: l’ambition conjointe du Baron Haussmann, Préfet de la ville,  et de l’Empereur Napoléon III signe la dislocation tragique de la vie paisible d’un quartier. Rose, une veuve sexagénaire, entre en résistance, tenue par le serment fait à Armand, son mari et un secret trentenaire enfoui dans les briques…

L’argument du roman est des plus intéressant: si le Paris haussmannien d’aujourd’hui nous ravit, il est bon de se pencher sur l’agression qu’ont représentée pour ses contemporains les travaux du « Baron éventreur« .

De plus, le roman est épistolaire. Ce ne pouvait que nous plaire.

L’intrigue et la menace de destruction se précisent  au fil des lettres adressées au défunt,  nourries d’un retour sur les épisodes d’une vie familiale révolue et du deuil tragique de leur fils Baptiste. Une belle histoire d’amitié lie Rose à Alexandrine, jeune fleuriste, qui traverse le clivage de l’âge et rapproche les âmes par la magie de la correspondance.

Apolline Elter

Rose, Tatiana de Rosnay, roman, trad. de l’anglais par Raymond Clarinard,  éd. Héloïse d’Ormesson, mars 2011, 256 pp, 19 €

Prolongation de lecture

AE; Merci, Tatiana de Rosnay, de nous accorder cette prolongation de lecture, en ce jour placé sous le signe de Rose. Le prénom de « Rose » a-t-il jailli de votre patronyme?

Tatiana de Rosnay: Pas du tout. Du reste, le « s » de mon nom ne se prononce pas…La couverture proposée par Héloïse d’Ormesson, la recherche d’un prénom qui évoque à la fois le XIXe siècle, les fleurs (et les épines…) …m’ont fait opter pour ce très beau prénom.

AE: vous nous avez habitués à des romans écrits directement – et somptueusement – en français. Pourquoi avez-vous  rédigé en anglais un roman dont l’action se situe à Paris?

Tatiana de Rosnay: A part Le voisin,  la plupart des romans auxquels vous faites allusion  – Elle s’appelait Sarah, Boomerang, .. – ont été rédigés en anglais! Leur action se situe elle aussi à Paris. A propos de Rose, je tiens à rendre un hommage particulier à Raymond Clarinard et à la sublime traduction qu’il a effectuée. Il a fait là un travail remarquable.

Ode à la vie d’un quartier de Paris , « Rose » célèbre aussi la beauté des fleurs, de l’amitié et de la littérature. Une triple  grâce existentielle   qui permet de lutter contre la mort et la destruction?

Tatiana de Rosnay: N’oubliez pas que le roman est avant tout une histoire d’amour. L’amour qui lie Rose à Armand,  transperce les lettres qu’elle lui adresse,  justifie son serment, le combat -physique – qu’elle mène  et la révélation d’un secret particulièrement pénible.

AE: Notre blog est particulièrement attaché à la forme épistolaire. Pourquoi avez-vous choisi cette forme pour « Rose« ? Est-ce pour échapper à l’omniscience du narrateur et privilégier la lente progression de l’intrigue?

Tatiana de Rosnay: La forme épistolaire me tenait spécialement à coeur. Nous sommes des naufragés échoués dans une époque digitale dominée par les mails, les textos, … Vous rappelez-vous quand vous avez reçu  – ou envoyé – votre dernière lettre manuscrite?  J’ai écrit Rose entièrement à la main, à la lueur d’une bougie. Je voulais rentrer en Rose, épouser son rythme, retrouver la lenteur et la beauté de cette époque, prendre le temps de m’installer dans une lettre.

AE: Vous êtes-vous déjà rendue au Festival de la Correspondance de Grignan? Placé sous l’égide de la Marquise de Sévigné, il a lieu, chaque année, début juillet.

Tatiana de Rosnay: Je n’en ai pas encore eu l’occasion…

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Salon du Livre de Paris:

Vous pourrez rencontrer Tatiana de Rosnay, au stand des Editions Héloïse d’Ormesson, les samedi 19, dimanche 20 et lundi 21 mars (consulter le programme des dédicaces pour l’horaire précis)