Quand tu écouteras cette chanson

« Le 18 août 2021, j’ai passé la nuit au Musée Anne Frank, dans l’Annexe. »

Un an moins un jour plus tard paraît le récit de cette nuit, dans la tradition de la collection créée par Alina Gurdiel,  qui prescrit à des écrivains de haute plume le compte rendu d’une nuit solitaire passée dans le musée de leur choix.

Le choix  de Lola Lafon n’a rien d’anodin.

Les murs de l‘Annexe  (Musée Anne Frank,  Amsterdam – Pays Bas) parlent, transpercent de la  présence de la famille Frank –  Otto et Edith, les parents, Margot et Anne – et d’un séjour clandestin de deux ans,

Nous donnent aussi à approcher Margot, soeur aînée d’Anne, autrice elle aussi d’un journal à ce jour disparu. A célébrer le courage des employés d’Otto Frank qui ont permis à la famille d’échapper un long temps aux rafles de la Gestapo

L’élection du lieu ramène Lola Lafon à ses origines juives:

« Je suis celle qui, depuis l’adolescence, détourne les yeux ; celle qui ne regarde pas de documentaires sur la Shoah. Celle qui n’a lu que peu de livres à ce sujet. Celle qui est sortie de la salle pendant la projection de La Liste de Schindler, qui a eu la nausée pendant celle de La vie est belle, de Benigni, celle pour laquelle la romantisation de l’Holocauste est insupportable. »

L’arrêt sur temps imposé par cette nuit de solitude  la questionne sur la fonctionnalité de l’écriture.

La sienne

: « Peut-être commence-t-on parfois à écrire pour faire suite à ce qu’on a perdu, » (…) « C’est en écrivant ce que je vis que je comprends ce que je vis. »

Celle du (célèbre) journal d’Anne Frank – la fillette voulait être lue, devenir écrivain –  et la dévolution de son oeuvre:

« À qui appartient Anne Frank ? À son père, qui admit, à la lecture du Journal, qu’il ne connaissait pas vraiment sa fille ? À Levin, submergé par le désir de faire entendre la voix de la jeune fille au point de parler plus fort qu’elle ? »

Un récit poignant, frappé de sentences belles et d’un questionnement puissant.

Il ne laisse pas indifférent

Une lecture recommandée

Apolline Elter

Quand tu écouteras cette chanson, Lola Lafon, récit, Ed. Stock- Coll. « Ma nuit au musée », août 2022, 252 pp

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *