Prix Goncourt à Eric Vuillard

 A l’ordre du jour … un retour sur le prix Goncourt

Nous en avions souligné le côté flamboyant,  l’écriture magistrale et reproduisons, ci-dessous,  à votre intention la chronique publiée le 3 juin sur votre blog préféré

Le sympathique destinataire du prix littéraire le plus prestigieux a dû vaincre quatre obstacles externes et de taille pour l’obtention de la récompense : 

                – une date de parution prématurée (premier semestre 2017)

                –  une  facture de récit plutôt que de roman

               – la concurrence du merveilleux Bakhita ( Véronique Olmi)  dont nous souhaitons qu’il obtienne le prix Femina 

                 – la nomination de Françoise Nyssen – qui dirige les Editions Actes Sud  – au Ministère de la culture

 

 Il les a vaincus.  Inclinons-nous avec joie devant la décision du Jury du Prix Goncourt

D’autant que le récit est dense, il est court

Ca fait du bien par les temps qui courent

Vive la littérature, promise à de beaux jours

Apolline Elter

 

CVT_Lordre-du-jour_8835.jpg

 Après un 14 juillet qui avait enflammé, à la rentrée,  notre gastronomie livresque( voir chronique sur ce  blog) Eric Vuillard nous revient avec un récit tout aussi flamboyant et nous plonge, d’entrée de pages, au coeur d’une réunion historique qui vit, le 20 février 1933, vingt-quatre patrons d’entreprise – les plus prospères d’Allemagne – accorder leur soutien à Hitler.

 » Et ils se tiennent là, impassibles, comme vingt-quatre machines à calculer aux portes de l’enfer. »

 Et le lecteur subjugué d’assister à la montée en puissance méthodique d’Hitler et des siens, Goebbels, Goering et charmante compagnie, à la singulière cécité de Lord Halifax, surdité du président Lebrun,  humiliation de Schusshnigg, le chancelier autrichien qui voit imposer à son pays des mesures insoutenables tandis que l’Allemagne interdite de fabrication de chars depuis le traité de Versailles (1918) reconstitue, hors frontières, son équipement d’assaut.

« Une armée en panne, c’est le ridicule assuré. »

L’annexion de l’Autriche  par l’Allemagne nazie, le 12 mars 1938, relève tant du machiavélisme que du rocambolesque, avec la congestion des chars d’assaut, à la frontière, pour panne technique, la fureur du …Fürher et  l’interminable dîner londonien  qui empêche  Chamberlain de vaquer aux affaires d’Etat pour la simple raison qu’il n’arrive pas à se débarrasser de l’encombrant Ribbentrop …

On se croit au cinéma tant l’auteur nous fait vivre les événements, les destins particuliers,  avec brio, juste tempo et un humour confondant. 

La farce est tragique: elle a coûté la vie à des millions d’Européens.

La fresque est grandiose, soutenue d’une plume, d’une écriture remarquables.

Apolline Elter

  L’ordre du jour, Eric Vuillard, récit, Ed. Actes-Sud, mai 2017, 156 pp