Police

9782246861447-001-X_0.jpeg » Je ne pourrai pas faire ce métier, alors j’ai essayé de le raconter, explique Hugo Boris. J’avais envie d’être avec eux dans la voiture, cette fameuse nuit, lorsque leurs vies s’apprêtent à basculer. »

Si le roman, merveilleuse découverte de la rentrée littéraire, sent le vécu, c’est tout simplement que son auteur a joué le jeu. Il a voulu connaître le quotidien des gardiens de la paix, l’enjeu de leurs missions, s’est introduit au « 17 », intégré au-delà de toute attente. C’est de « collègues » qu’il nous parle en quelque sorte.

Coup de génie, la police inversée du titre est « une invitation à traverser le miroir« 

Vous serez ravis de l’avoir acceptée…

Virginie, Erik et Aristide, protagonistes de cette équipée, ont, eux, tout lieu de regretter l’acceptation d’une mission « de renfort » à haut risque de repentance: il s’agit d’amener à l’aéroport Charles de Gaulle un migrant tadjik pour qu’il soit renvoyé dans son pays. Il ne fait pas de doute qu’il y sera massacré.

Il ne fait pas plus de doute que le trio d’intervention risque tout simplement sa carrière s’il n’obéit à l’ordre de mission…

Pris en tenaille de ce drame humanitaire et de conscience, le lecteur est saisi d’irrésistible empathie. Il réfléchit lui aussi, interroge sa conscience, se révolte, se résigne peut-être…

C’est le prodige de l’écriture de Hugo Boris,  factuelle, précise et puissante et d’un pouvoir d’introspection assez remarquable.

Un vrai coup de coeur dans le rentrée-viseur.

Apolline Elter

 

Police, Hugo Boris, roman, Ed. Grasset, août 2016, 198 pp