La Nostalgie de l’honneur

Van der Plaetsen - c.jpg« Une certaine conception de l’honneur peut conduire un homme à se dépasser jusqu’à se transcender – et à mourir pour l’idée qu’il se fait de la vie dont il est l’obligé. »

C’est à la vie et surtout à l’action de son grand-père maternel, le Général Jean Crépin, qu’est dédié le récit de Jean-René Van der Plaetsen.

            Une vie, un destin qui se décide le matin du 28 août 1940, à Manoka (Cameroun) et voit un jeune capitaine d’artillerie, marié, père de deux fillettes, rallier le Général de Gaulle et le combat pour la France libre, prêter serment d’une fidélité qui jamais ne faillira.

Bras droit du (futur) maréchal Leclerc – alias Philippe de Hauteclocque (1902-1947) –  Jean Crépin est nommé colonel à trente-deux ans. Il commande alors l’artillerie de la Deuxième Division blindée, la fameuse 2e DB.

 » Si l’infanterie est la reine des batailles, comme on l’a souvent dit, l’artillerie en est l’impératrice. Ce que Napoléon, qui était artilleur de formation, traduisait ainsi, avec son génie de la concision : « Le feu est tout, le reste est peu de chose ». C’est en effet l’artillerie qui prépare les victoires. « 

La victoire de la France, ce Compagnon de la Libération la célèbre le 26 août 1944, sur les Champs-Elysées, aux côtés des généraux Leclerc et de Gaulle,  » ces deux hommes auxquels il avait voué son existence et qui ont donné un sens supérieur à sa vie » ; elle lui coûte celle de son épouse le 8 septembre suivant – mutilée par une mine antipersonnel allemande – et un profond sentiment de culpabilité.

Remarié en 1947, l’officier enchaîne, à contre-coeur, l’Indochine, avec ardeur, l’Algérie, avant d’accéder à la vice-présidence de l’Aérospatiale, futur Airbus group, aux présidences de Nord-Aviation, d’Euromissile et d’assurer des missions supérieures, secrètes et névralgiques de développement stratégique.

A travers sa personnalité, son action, son humilité, c’est également  » les vies admirables de ces Boissieu, Dio, Massu, Messmer, Simon … «  que Jean-René Van der Plaetsen célèbre, réalisant, d’une plume alerte et fluide, un essentiel devoir de mémoire, de transmission.

            Un récit édifiant.

Apolline Elter

La Nostalgie de l’honneur, Jean-René Van der Plaetsen, récit littéraire, Ed. Grasset, septembre 2017, 240 pp

 

Billet de faveur

AE : Vous rendez au panache – cocktail d’honneur et d’humilité qu’incarne votre grand-père – ses lettres de noblesse ; notre époque en semble moins pourvue. Imputez-vous cette attitude à une forme d’arrogance qui nous fait voir la vie comme un dû, un droit acquis, nous libérant d’obligations à son égard ?

Jean-René Van der Plaetsen :

Tout à fait. Je pense que, la vie nous étant donnée, il convient de s’en réjouir et d’apprécier à sa juste mesure l’immense chance qu’est le simple fait de pouvoir vivre. Mais je pense aussi que certaines obligations nous incombent lors de notre passage sur terre. Certaines tombent sous le sens, comme de s’efforcer d’être heureux, de respecter ceux qui nous entourent, ou encore d’essayer de progresser dans les domaines qui sont propres à chacun ; d’autres le sont moins aujourd’hui parce qu’elles se perdent ou que nous les avons oubliées. Parmi celles-ci, il y a le sens de l’honneur qui, selon moi, doit nécessairement être accompagné du souci de l’humilité.

AE :  votre grand-père vous a en quelque sorte institué dépositaire de sa mémoire : vous étiez seul garçon, il vous sentait imprégné de ses propos.  Le fait d’avoir un fils à votre tour a-t-il amplifié l’urgence de cette transmission ?

Jean-René Van der Plaetsen :

Certainement. Ce livre n’est pas seulement le récit de vies d’hommes héroïques ou exemplaires, c’est aussi une histoire de transmission et d’héritage. L’éternelle histoire du vieil homme et de l’enfant, au fond. J’espère que mon fils, âgé de dix ans, saura trouver dans ce livre des enseignements qu’il transmettra à son tour à ses enfants. Car je crois que ces valeurs de courage et de droiture dont il est question dans La Nostalgie de l’honneur n’ont pas d’âge, même si certains les jugent dépassées aujourd’hui, et qu’elles peuvent servir à tous les temps.