Haut vol

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« Tant il tombait d’eau pendant la nuit, les roues des voitures baignaient jusqu’au moyeu dans les flaques, qui avalaient aussi les jarrets des chevaux. »

Nouveau roman de … haute volée pour un auteur cher à notre blog ( Le maître de café, Concerto pour la main morte, Semper Augustus, Pastel, Le fantôme de la Tour Eiffel..) et une incursion dans Paris de ce XIXe siècle qu’il affectionne, dont il pratique la langue -revisitée – les descriptions flaubertiennes – soignées et pimentées d’humour, de tendresse et certaines tournures syntaxiques aux inversions…acrobatiques.

Acrobate fauché, Samson Vaillant peine à nourrir sa famille. Les pluies diluviennes qui arrosent Paris et le chômage forcé qu’elles imposent à la caravane foraine ont raison de leurs dernières rations alimentaires. Il se voit alors contraint d’exécuter, pour vivre, une attraction inouïe: décliner un alphabet de ses membres, depuis un trapèze suspendu à un aérostat.

Si la fortune est bientôt au rendez-vous, l’implacable loi des forains aussi, qui ne supporte la défection.

« C’est sous les yeux du public qu’un artiste naît et vit son existence; « 

Un roman saisissant.

 Apolline Elter 

Haut vol, Olivier Bleys, roman, Ed Gallimard, mai 2014, 214 pp

Billet de faveur

AE : Chacun de vos romans, Olivier Bleys, ancrent (et si joliment encrent) un sujet bien précis ; en l’occurrence, l’engouement pour les montgolfières qui sévit en cette fin de XIXe siècle mais aussi l’existence précaire des saltimbanques. Quelle fut, cette fois, votre source documentaire ? 

Olivier Bleys : j’ai toujours été passionné d’aviation et d’aéronefs, terme aujourd’hui vieilli par lequel on désigne les engins « plus lourds que l’air » permettant à l’homme de s’arracher de la surface du sol. Si la vie d’auteur n’était pas si précaire et n’interdisait donc ce genre de fantaisie (car c’est un sport fort onéreux), j’apprendrais sûrement à piloter les avions de tourisme. L’altitude, les nuages, l’azur, les aspects mouvants du ciel… revêtent à mes yeux une poésie inouïe. D’ailleurs, natif de Lyon et fils de montagnard, j’ai besoin de m’élever et d’avoir sur le paysage un point de vue dominant : les cimes fouettées par le vent constituent mon milieu naturel. Haut vol est un hommage à ces rêveries d’enfance. Mais il y aura d’autres livres, d’autres histoires, pour célébrer l’élément subtil où dansent les oiseaux…