Chucho

 

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Emmène-moi à New York!

C’est à Barcelone, dans la chaleur du mois d’août et des quartiers populaires,  que Grégoire Polet emmène le lecteur, pour son quatrième roman. Un roman dur, bouleversant, campé sur fond de prostitution, de solitude et d’abandon. Vingt-quatre heures de la vie de Chucho, orphelin qui du haut de ses onze ans se met en tête de débarquer à New York, d’y découvrir sa véritable maman. Il tente de convaincre Hans, providentiel touriste allemand, du bien-fondé de sa démarche.

« Il ne se rend pas compte qu’il a faim, car la faim est l’état propre au désir et au rêve, que le désir et le rêve entretiennent et préservent. Le désir brûlant de vie n’aime que le jeûne (…) Léger, euphorique, Chucho veut rentrer chez lui par les quartiers riches et, tant qu’à faire, passer par l’hôtel de toutes les promesses. » (pp 68-69)

Et le lecteur se prend à la quête, naïvement, douloureusement, en dépit du garde-fou que constitue la fiction. Il cède à la tendresse paternelle dont Grégoire Polet entoure le portrait de Chucho et de la Dumbre, vieille mastodonte enfoncée dans sa corpulence et son inactivité, elle,  qui cinq jours sur sept « veille sur sa lampe à huile, sa manie« .

Et si la flamme vacillante de la lampe à huile était la seule lueur d’espoir, de réelle solidarité entre les écorchés du rêve, de la vie?

Apolline Elter

Chucho, Grégoire Polet, Gallimard, janvier 2009, 121 pp, 14 €