Avec le temps…

S’il emprunte  le tire de la chanson de Léo Ferré,  pour son essai – bilan de huit décennies de vie,  Jean-Louis Servan-Schreiber, en prend d’emblée le contrepied, arguant, avec force conviction que  » tout ne s’en va pas »

Journaliste, patron de presse – il a créé l’Expansion– longtemps leader de la presse économique,  repris et développé La vie économique  (à Casablanca- Maroc),  Psychologies magazines, Clés, (ces deux derniers titre en collaboration avec son épouse, Perla ) ,  le frère cadet de Jean-Jacques Servan-Schreiber  (1924-2006) pubie en cette fin janvier son 18e ouvrage, avec pour fil conducteur, la quête essentielle de sa vie, à savoir la recherche de sens de notre humanité.

De chapitres courts, vifs, égayés de dessins,  l’essayiste embrasse toutes les questions qui font sens:  l’existence de Dieu,   l’hygiène de vie, les (justes) places  de l’ego, du passé, de l’avenir, des animaux,  de l’amour « au long cours », de la famille,  des medias.. et des bouleverserments technologiques majeurs qui ont  traversé son existence. Peu nostalgique du passé, il salue activement  la pratique du numérique tout en dénonçant les pièges et dangers de « l’hyperchoix » d’informations que la toile induit.

La réflexion est  précise, sincère, dénuée de tabou.  L’admiration qu’il porte à Perla, son épouse et femme de sa vie, ponctue le récit de belles déclarations:

 »  Ainsi Perla, ma mie, que je pare de tant de vertus sans crainte d’être démenti par ceux qui la connaissent, goûte en souriant à ce que la vie lui présente. » 

S’il accueille l’arrivée du grand âge et la diminution corrolaire de la vitalité et du désir avec un enthousiasme modéré, JLSS en reconnaît en même temps les privilèges – l’affranchissement des obligations mondaines et autres – et l’intensité avec laquelle l’instant présent est vécu.

Là, maintenant, pendant que j’écris  devant une fenêtre qui s’ouvre sur la verdure et le ciel limpide, j’aime ma vie, peut-être plus intensément que jamais. D’autant que ce soir elle sera encore raccourcie d’une journée. Si je jette un coup d’oeil en arrière, je ne peux rendre compte de chacune de mes décennies. Je m’en tiendrai à un critère simple: aucune réclamation faite à la providence, plutôt de la reconnaissance

 Une leçon de vie

Je vous donne rendez-vous au sein de l’édition d’avril de L’Eventail – vous y découvrirez l’interview que JLSS nous a consentie.

Apolline Eler

Avec le temps … tout ne s’en va pas, Jean-Louis Servan-Schreiber, essai, Dessins de Xavier Gorce,  Ed. Albin Michel, janvier 2020, 176 p

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