Armé de résilience

On lui donnerait le Bon Dieu sans confession…

Avec un visage  d’ange, lumineux et un physique à la Paul Newman – il le reconnaît, l’assume –  François Troukens n’incarne en rien l’idée que nous nous faisons d’un truand.

Il le fut pourtant et ce braqueur au grand coeur et à l’éthique solidement ancrée, nous le verrons,  paiera d’années de prison ses attaques de fourgons.

Pénétrer dans un fourgon blindé, c’est un peu comme faire l’amour à une femme que l’on a longtemps désirée. L’attente est un plaisir, il devient extase lorsqu’on parvient à ses fins.

S’il affiche une  complaisance certaine  pour les préparations,  tension, esprit d’équipe, éthique –  ne blesser personne et encore moins tuer  –  et gains mirobolants de ses attaques de fourgons, François Troukens entend avant tout dénoncer les méfaits du système carcéral et la quasi-impossibilité qu’il offre aux détenus de se réinsérer, par la suite, dans la société.

La  prison devrait servir à apprendre à vivre en société. Respecter ses voisins et ne pas se conduire en égoïste. Dans ces conditions, écrire devient un véritable exploit, pour lire ou étudier, il faut pouvoir faire le vide et oublier ces bruits parasites. C’est en sacrifiant bon nombre de mes nerfs que je suis arrivé à préparer soigneusement mon dossier et à étudier.

Sa conversion, François Troukens  l’a  pleinement réussie, au prix d’une force mentale extraordinaire,  d’un soutien familial ,  de l’amour de Véronique,  et de quelques rares mains tendues qu’il a su saisir . 

Il nous dévoile son enfance – au sein d’une fratrie nombreuse et d’une famille  d’intellectuels de gauche , « radicalisée  » de trop de  bons principes  – ses amours, sa vie de gangster, prisonnier, évadé, homme traqué, ennemi public grevé d’exactions qu’il n’a pas commises . S’il rend un hommage appuyé à ceux qui l’ont aidé, il ne se prive de fustiger ceux qui l’ont enfoncé.

Son premier pas en prison, celle tellement « indigne » de Forest , date du 18 mars 1993.  Il y su(b) it  une véritable formation en criminalité.  De libération en rechute, d’évasions en cabales et réintégrations de cellules,  d’amalgames, incriminations erronées, détention abusiive à la soumission à une peine juste et purgée, la revue que nous trace Troukens de cette longue tranche de vie est alerte, bien ficelée,  tout simplement… passionnante.

Elle nous ouvre les yeux sur la véritable urgence à réformer le système carcéral.

« (…)  il faut surtout investir dans nos quartiers et nos prisons pour protéger notre société des dangers du radicalisme. »

Introduire  la culture est un premier pas

François Troukens s’y emploie qui a créé l’association Chrysalibre (http://www.chrysalibre.com/) 

L’idée, c’est de combattre le radicalisme et la violence par la culture. Le principe est simple, je demande à différents éditeurs et distributeurs de cinéma d’offrir des œuvres afin de les distribuer dans les bibliothèques des prisons.

Un concept qui retient toute notre attention

Nous y reviendrons

Libre et pétri de projets, François Troukens a  notamment réalisé le film Tueurs, sorti  sur nos écrans fin de l’année 2017; je me promets de bien vite le visionner.

je vous engage vivement à lire ce témoignage fascinant

Et de lui octroyer le Bon Dieu,…avec confession…

Apolline Elter

Armé de résilience, François Troukens, récit, Ed. First, novembre 2017,  288 pp

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