Dans le beau livre consacré à sa vision du Japon éternel – vous en aurez chronique passionnée sous peu -Amélie Nothomb évoque l’art du Kôdö, à savoir une « écoute des fragrances » et se prête à un exercice pratique.
Il n ‘est pas de meilleure ambassadrice pour la reprise de nos « Plis-que-niques » et d’un module spécial consacré au Parfum des lettres
« Je dirais que cette odeur est sucrée. Je l’écoute, mais je ne suis pas encore au stade où je le comprends. Je sens que c’est très spécial et bouleversant. Je me replonge dans des souvenirs d’enfance. Pour moi, les odeurs sont la voie privilégiée du souvenir. Le Japon, c’est le pays de ma petite enfance et j’associe beaucoup ce pays à des parfums.
Je me rappelle les odeurs du jardin. Je vivais à la campagne, dans un village au pied des montagnes. Il y avait les senteurs de la terre, des arbres ou des camélias mouillés par la pluie. Il pleuvait beaucoup et les odeurs se développaient encore davantage ainsi. Et cet arôme que je suis en train de respirer m’évoque les maisons japonaises, quand on se mettait sous le kotatsu, autour du trou pratiqué dans le sol, qui contient un chauffage. L’hiver, on se rassemble autour, on reste pendant des heures. Et il s’en élève une odeur particulière. »
Le Japon éternel – Voyage sous les fleurs d’un monde flottant– Amélie Nothomb et Laureline Amanieux, essai / beau livre – Ed. Albin Michel, octobre 2024, 352 pp