La vie édifiante d’Anton Gaudi

Bienvenu pour ce dernier épisode de notre feuilleton estival.

J’en conviens: l’histoire s’arrête au moment même où elle devenait intéressante, où Anton Gaudi entreprend ce qui sera l’oeuvre majeure de sa vie : l’édification de la Sagrada Familia.

Deux solutions s’offrent dès lors à vous:

– me supplier de continuer le feuilleton, en cet automne débutant

– attendre avec liesse la parution de l’ouvrage qui lui sera consacré.

Vous jugerez.

Pour l’heure, nous en revenons à Gaudi, nous pointant précisément sur l’année 1883, cruciale dans sa destinée:

 

 

1883 est à entourer d’une croix car elle va engager Gaudi dans ce qui sera l’œuvre majeure de sa vie : la construction d’un temple – d’une église si vous préférez – consacré à la Sainte Famille. Entendez par là Marie, Joseph et Jésus. Le nom de l’œuvre : Le Temple Expiatori de La Sagrada Familia

Barcelone camp 069

Avec ses tours qui touchent le ciel, ciselées comme de la dentelle, La Sagrada Familia semble tout droit sortie d’un conte de fée. Gaudi voulait en faire l’édifice le plus élevé de la ville. Sa construction n’est à ce jour pas achevée. Ce qui n’empêche Barcelone de l’avoir choisie pour emblème et de la voir classer par L’Unesco « Patrimoine universel de l’Humanité ».

A l’origine de l’œuvre, le projet d’un libraire catalan, Josep Maria Bocabella. L’histoire raconte que marqué par un pèlerinage à Rome, notre pieux libraire décide d’édifier un temple expiatoire en l’honneur de son saint patron, Joseph. Pour expier quoi ? Qu’importe, en ce temps-là, il y a toujours quelque faute à se faire pardonner. Il parvient à convaincre une de nombreux fidèles – des pauvres, surtout  – de participer financièrement à l’édification du temple. un terrain est acheté dans le quartier de L’Eixample[1]  et le chantier est amorcé qui est confié à l’architecte Francesc de Paula Villar. Ce dernier n’en est pas à sa première église. Tout est donc béton.

Que non.

A peine a-t-il achevé les colonnes de la crypte – on est aux balbutiements de la construction –  que Villar se dispute avec Joan Martorell, conseiller technique de Bocabella.  Et  abandonne le chantier…

Martorell propose alors de contacter un jeune architecte des plus prometteurs, qui travaille sur le chantier proche d’une propriété de vacances à Gracià,  la Maison Vicens.

Le jeune architecte n’est au
tre que….Gaudi. Lequel s’éclate à grands coups de pierre, brique, céramique, faïence émaillée, fer forgé et motifs d’inspiration florale et orientale à l’édification de la première œuvre qui fera vraiment parler de lui, la Casa Vicens, du nom de son propriétaire Manuel Vicens Montaner.

Un projet colossal, cela ne se refuse pas. Antoni Gaudi va à ce point se passionner pour celui de la Sagrada Familia, qu’il y  travaillera les 43 prochaines années de sa vie, s’y consacrant exclusivement durant les 16 dernières années  qui précèdent son accident. Il installera sur le chantier un bureau, qui deviendra sa chambre et son unique lieu de vie. Perfectionniste  dans l’âme,  il se jette à fond dans l’étude de la liturgie

: chaque élément architectural ou décoratif symbolise ce  mysticisme qui l e gagne peu à peu…



[1] L’Eixample : quartier de la « nouvelle » Barcelone, construit après la démolition de l’enceinte fortifiée de la ville en 1859. Le plan de l’extension fut conçu par l’urbaniste Ildefons Cerdà , selon un quadrillage rigoureux.