Tuyêt-Nga Nguyên au château Sainte-Anne

Tuyêt-Nga Nguyên au château Sainte-Anne

Tuyêt-Nga Nguyên (Le journaliste français, Soleil fané (ed. Luc Pire – Le grand miroir) était l’invitée du Forty-Ladies, lundi 31 mai au cours du déjeuner littéraire qui avait lieu au Château Sainte- Anne (Auderghem).

  

Tuyêt-Nga Nguyên au château Sainte-Anne

 Née dans le Vietnam du Nord, l’écrivain a vécu sa prime jeunesse dans le Sud pour échapper au communisme qui venait d’y être restauré. Très tôt livrée à elle-même et à la solitude de l’internat par une maman engagée politiquement, l’enfant découvre le bonheur de la lecture et bientôt celui de l’écriture.

Elle vit aux Etats-Unis quand Saïgon tombe, aux mains des communistes (1975)  et se voit baptisé « Ho Chi Minh »

Son destin l’emmènera en Belgique (plutôt qu’en France, fâchée avec Saïgon, à l’époque) où elle épousera..un Belge. Du couple naîtront trois fils, en l’espace de quatorze mois, un aîné et des jumeaux.

Puis le passé resurgit, frappe aux porte et coeur de l’auteur, qui prête sa plume à son pays, l’espace de deux romans:  Le journaliste français (2007 – Prix des Soroptimist 2008 et Prix des Lycéens 2009) et Soleil fâné (2009) . Outre le Vietnam, il s’agit pour Tuyêt-Nga Nguyên de rendre justice à sa mère et de faire connaître à ses fils cette part importante – la moitié – de leurs origines.

Encouragée par Vincent Engel qui sut d’emblée déceler la qualité de son écriture, Tuyêt-Nga Nguyên s’emploie à démontrer que vivre n’est pas anodin, à tenter de laisser une trace de son passage sur terre.

Apolline Elter

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Tuyêt-Nga Nguyên au château Sainte-Anne

« Truo la sau quen –  Ne fuis pas l’inconnu, apprivoise-le »

Saigon – 20 avril 1963 : Une bombe explose en plein marché : la jeune Tuyêt – Neige en français – échappe à la mort et fait la connaissance d’un journaliste – français – grand reporter de guerre. Une amitié se lie qui sera la quête du récit, de la vie de la petite fille. Une vie confrontée en permanence à la guerre.

Confiée aux bons soins d’un internat français – elle s’y prénomme dès lors Claire – et à la bienveillance de Sœur Thérèse et de sa bibliothèque, l’enfant tentera de concilier les deux parts de son identité  Tuyêt, son moi intime et Claire, son moi social.

Elle parviendra aussi, et c’est le troisième, bien qu’inconscient volet,  de sa quête, à percer le mystère de sa mère, la fragilité masquée de sa vie.

« Des forces obscures et occultes se disputent l’hégémonie de  ma personne. »

L’écrivain d’aujourd’hui ne s’est guère éloignée, semble-t-il de la petite fille qu’elle fut et de ses émotions. Si elle emprunte pour des  raisons de liberté, la forme du roman, elle offre à ce dernier un récit, criant de candeur  et de vérité. Sa plume est belle, maîtrisée, raffinée, imagée. Illustrée de maximes de sagesse orientale, de bribes de contes philosophiques. Un humour subtil parcourt les pages, qui leur dispense un précieux parfum de légèreté.

Une très belle découverte.

Apolline Elter

Le journaliste français, Tuyêt-Nga Nguyen, roman, ed. Luc Pire, le grand miroir, 2007, 254 pp, 18