C’est un roman épistolaire qui est à l’honneur du site, ce mardi
Un roman d’une introspection rare, traduit avec finesse et précision par Françoise Cartano, lu avec une sobriété idoine par la voix grave, toute d’émotion contenue de Micky Sebastian
Alors que son fils Kevin a assassiné froidement à l’arbalète et à trois jours de ses seize ans- nous sommes le jeudi 8 avril 1999 – , sept camarades de lycée et deux adultes, Eva Khatchadourian entreprend de rédiger de longues lettres à l’intention de Franklin, le mari dont elle est séparée
Et qu’elle aime encore
Elle lui relate les visites en maison de correction, la culpabilité dont elle se sent atteinte, l’opprobre qui la poursuit jusque dans ses moindres courses alimentaires
Des parents de victimes lui ont du reste intenté un procès, la jugeant, en partie, responsable du carnage.
Alors Eva remonte le fil du temps, celui de leur couple, de la naissance difficile de Kevin et de ce mépris qu’i a toujours affiché pour la vie
Pire qu’acédie, un véritable dégoût existentiel
Il fut, dès le début, un enfant mystérieux, rétif, monstrueux – d’un cynisme poussé loin – d’une méchanceté radicale
Aucun test de grossesse ne peut averrtir, encore moins prémunir de cette malformation
Manipulateur dans l’âme, l’enfant parvient à diviser d’emblée le couple de ses parents et le regard que chacun porte sur lui
Franklin se complaît dans le déni des exactions de son fils et l’illusion d’une relation complice
Sa bonne volonté et les diktats d’une certaine société américaine ne font qu’empirer la situation
La lente et longue relation de leur vie de « famille » (19h 40 d’écoute tout de même) est d’autant plus percutante qu’elle est exposée avec honnêteté
Vous en serez glacés .
Apolline Elter
Il faut qu’on pale de Kevin, Lionel Shriver, roman , 2006, traduit de l’anglais (USA) par Françoise Carrtano ,Ed Lizzie, juillet 2024, texte intégral lu par Micky Sebastian, durée d’écoute 19h40 min.