La promenade des Russes

 

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« J’avais envie de hurler et de courir jusqu’à la mer, plonger toute habillée, dans le bruit des vagues sur les galets et les cris des mouettes qui s’en foutent. Je mordais mes lèvres pour ne pas pleurer, ne pas cracher la peur qu’elle venait de me faire. J’avais envie d’être encore Camille Dubois, la fille de la bijoutière sous les arcades de la place Masséna. J’avais envie d’avoir une bague coccinelle, d’être babazouke niçois, d’être catholique, d’avoir un oncle trappiste. J’avais envie qu’on frappe à la porte et qu’une vieille Anastasia débarque et lui vende ses salades et sa vérité, et qu’on en finisse. »

Une mère évaporée, un père peu concerné, une grand-mère russe, rustre et un peu fruste, campée sur la grandeur déchue de ses origines natales, ..tel est l’horizon familial de Sonia – Sonietchka – jeune ado niçoise des années ’70.

Ce qui pourrait être fadeur et langueur d’ennui, se révèle, sous la plume de Véronique Olmi et son sens psychologique inné, chronique d’une adolescence pétrie de candeur – apparente – d’ humour, maturité et bienveillance, chronique d’une époque – les années giscardiennes – d’une ville – Nice vue par ses autochtones –  et de lectures pétries de références à la littérature russe.

En filigranes du récit: la vérité sur le massacre des Romanov et le sort de la Princesse Anastasia. Babouchka, la grand-mère de Sonia, détient à ce sujet  un lourd secret qu’elle se propose de confier à Melchior Bonnet, Directeur de la revue Historia…L’attente se focalise dès lors sur la réaction de ce dernier à la missive que Babouchka lui a envoyée.

Une tendresse pudique unit une grand-mère à sa petite fille, qui fait de cette Promenade  à travers Nice et la littérature russe , la scène d’un vrai bonheur de lecture.

Apolline Elter

La promenade des Russes, Véronique Olmi, roman, Grasset, août  2008, 148 pp, 16,9 €