La nuit de Bombay

 

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« Loumia et moi avions failli devenir des amies. Mais l’histoire restait incomplète. Il me semblait que je devais repartir à sa rencontre, parcourir le chemin que nous ne ferions pas ensemble. Retracer sa courte existence comme une revanche sur le néant, sur le chaos, sur la terreur. Sur l’absurdité de sa mort. Combattre la violence par les mots, la seule arme que je veux connaître. »

Michèle Fitoussi est à Pondichéry, dans le Sud-Est de l’Inde, le 26 novembre 2008. Elle s’apprête à rejoindre à Bombay,  Loumia Hiridjee, la fougueuse et  pétillante co-fondatrice de Princesse tam.tam, célèbre enseigne de lingerie féminine. Les événements en décident autrement: Loumia et son mari, Mourad Amarsy,  périssent ce soir-là, dans un des attentats qui mettent la ville à feu et à sang.

Répartis en cinq lieux mythiques de la cité bombayite, les luxueux hôtel Taj Mahal Palace et Oberoi, la Chhatrapati Shivaji Terminus plus communément appelée gare CST, le  très branché café Léopold  et l’accueillante Nariman House, ouverte -notamment- aux hôtes juifs, dix terroristes pakistanais issus de l’organisation Lashkar -e-Taiba (de la mouvance d’Al-Qaida) vont causer la mort- violente et barbare –  de 165 innocents, blesser plus de 300 personnes, suscitant  pagaille et déroute policière.

Investie d’ un devoir de mémoire, d’une amitié tragiquement avortée, la journaliste entame une longue quête auprès de la famille Hiridjee,  de Shama, la soeur complice, co-fondatrice de l’enseigne précitée, des amis et collaborateurs de Loumia, un pèlerinage parmi ses ports d’attache, pour restituer dans sa vérité, son éclat et sa contagieuse sympathie,  la personnalité d’une  femme aussi survoltée qu’attachante. Une épouse aimante, maman de trois jeunes enfants au moment des événements. En parallèle, Michèle Fitoussi opère une enquête méthodique pour connaître le vrai enjeu des attentats : le ressentiment meurtrier issu de la Partition délétère de l’Inde et du Pakistan lors de l’été 1947. 

Pétri de sobriété, d’intégrité intellectuelle et d’un sens aigu, bienveillant,  de l’introspection, le récit se lit d’une traite tant coule fluide la plume de l’écrivain.

 Le livre – événement de la rentrée.

Saisissant d’effroi, d’empathie,  d’amitié.

Apolline Elter

La nuit de Bombay, Michèle Fitoussi, récit, éditions Fayard/Versilio, sept.2014, 340 pp

Billet de ferveur

AE: Michèle Fitoussi, par ce récit vrai, sobre et vivant, vous opérez un poignant, merveilleux  hommage d’amitié à une femme enthousiaste, chaleureuse , que nous avons tous envie de rencontrer. Ses chers enfants, Naeem, Ilana et Rayane, tout jeunes au moment des événements ont aussitôt été adoptés  par leur tante Shama. Ont-ils lu La Nuit de Bombay ? Est-ce pour eux, en partie, que vous avez opéré ce devoir de mémoire? 

Michèle Fitoussi:  Dés 2010,  moment où j’ai conçu l’idée du projet et suis venue en parler à Shama , j’ai souvent rencontré  les enfants.

 Je les ai vus grandir, évoluer. 

Tout de suite Shama m’a dit,  et je la cite à la fin du livre, «  je voudrais ranger ce livre dans un coffre fort et le ressortir quand Rayane aura 18 ans, pour qu’il sache qui étaient ses parents »

Je n’ai pas écrit ce livre pour eux  mais je m’étais fixé une ligne de conduite : ne rien écrire qui  puisse les heurter ou les blesser. Ils étaient au courant de ce que je faisais, cela les intéressait beaucoup. Quand j’allais  chez eux discuter avec Shama ou avec ses fils, Michaël et Kevin, leurs cousins, ils venaient me parler. 

Je me suis tout de suite prise d’affection pour eux , ce sont des enfants sensibles, intelligents, très bien élevés. 

Quand j’ai fini la première version du livre, je l’ai fait lire à Shama et à ses fils.

 Naeem et Ilana, les ainés, ont alors manifesté le désir de me parler de leurs parents. Shama était d’accord, alors   je les ai vus tous les deux , séparément. Ils ont dix-sept ans et quinze ans et sont trés mûrs pour leur âge. C’était trés émouvant pour moi, même si aujourd’hui ils réussissent à mettre une certaine distance entre la tragédie et eux. 

Ils ont lu le livre et en sont trés touchés.  Pour eux, faire revivre leurs parents est un cadeau. 

 

Michèle Fitoussi était l’invitée du déjeuner littéraire de rentrée de L’Eventail. Il avait lieu dans le téléchargement.jpgsalon asiatique du Cercle de Lorraine (Bxl), en présence d’une quarantaine de lecteurs.  Affable et passionnante, la journaliste se prêta sans compter au jeu de questions-réponses, prolongations d’une lecture mémorable. Un moment vrai et d’exception. Vous en retrouverez le reportage-photographique en notre édition de décembre.

 Pour l’heure, je vous en propose un aperçu apéritif, sur le site de L’Eventail   http://www.eventail.be/art-culture/litterature/item/803-dejeuner-litteraire-la-nuit-de-bombay

Il serait dommage de s’arrêter en si bon chemin, l’aventure de La nuit de Bombay ne fait que commencer..

C’est avec conviction que je relaie cette très belle invitation, promesse d’une rencontre riche, chaleureuse et émouvante: 

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