June

 » Sa relation avec Henry ressemble à un roman dont on redoute la fin » 

Née Juliet Smerdt,June Mansfield (1902-1979) est la contemporaine de notre chère Louise de Vilmorin (1902-1969)  Elle fut surtout la compagne, la très belle muse de l’écrivain américain Henry Miller (1891-1980).

Sa victime aussi.

 » Ca y est, il lui a promis d’écrire un livre. Il aurait tout en tête, commencerait à s’y mettre. Dès qu’il le peut, il  se nourrit des lettres de Van Gogh, de Balzac ou de  Bergson, notant des passages entiers de ces auteurs qu’il porte aux nues, ou vadrouille dans Brooklyn, d’un café à  une librairie, au bord de l’eau qui prend la couleur de l’encre. June fait tout pour lui faciliter la vie et le surprendre. Les soirs où elle reste à la maison, elle cuisine, lui  offre un cadeau. Selon les jours, elle se dit portugaise, tsigane, hongroise, russe ou géorgienne. Le long des salles de spectacle de Broadway, elle s’imagine à l’affiche, un caméléon qui se balance au-dessus du vide, d’une branche à l’autre. »

De Brooklyn au Paris des années 30 où le couple mène une vie de bohême, Emmanuelle de Boysson décrit, avec sensibilité, empathie,  la fascination qu’exerce Henry sur June mais aussi et surtout la vampirisation de son existence: June s’efface, s’humilie, se prostitue pour permettre à Henry de se consacrer à sa plume. et nourrir celle-ci de bribes intimes et impudiques de sa vie. Il publie le célèbre Tropique du cancer en 1934

Il en va de même du trio amoureux que June et Henry formeront avec la sulfureuse écrivain franco-américaine Anaïs Nin (1903-1977)

Ce faisant, la romancière offre une généreuse lumière sur le destin attachant,  éminemment romanesque – et  pionnier  – d’une femme injustement placée dans l’ombre.

June, Emmanuelle de Boysson, roman, Ed. Calmann- Lévy, octobre 2022, 200pp

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