Monsieur Dico (-corico!!!)

Monsieur Dico

Cadeau
PAR JACQUES MERCIER

Au XVe siècle, le cadeau était une fête galante organisée en l’honneur d’une dame. « Cadeau » est le titre d’un ouvrage de Apolline Elter (Editions de l’Ermitage) qui se découvre en deux modes : la consultation de listes de cadeaux adaptés à toutes les circonstances et la lecture, grâce à une trame narrative et un brin philosophique qui parcourt l’ouvrage. L’auteure revient sur l’origine du mot : cadeau désignait la lettre capitale ornée, placée en tête d’acte ou de chapitre, dans les manuscrits en écriture cursive. Le mot vient du provençal « capdel », chef et au figuré « lettre capitale », du latin « capitellum », diminutif de « caput », tête. Par la suite, ce fut donc cette fête évoquée ci-dessus; et de citer Clitidas : « Elles y ont reçu des cadeaux merveilleux de musique et de danse. » (Molière, « Les Amants magnifiques ») Depuis la moitié du XVIIe siècle, le cadeau est un objet qu’on offre à quelqu’un. « Le cadeau est attouchement, sensualité : tu vas toucher ce que j’ai touché, une troisième peau nous unit. Je donne à X… un foulard et il le porte : X… me donne le fait de le porter; et c’est d’ailleurs ainsi que, naïvement, il le conçoit et le dit. » (Roland Barthes, « Fragments d’un discours amoureux ») Cadeau s’emploie en apposition pour former des composés. Pour désigner une présentation : « L’emballage cadeau est passé dans les habitudes, dans la plus modeste boutique on vous demande toujours si « c’est pour offrir » . » (L’Écho de la mode, 1966) On dit aussi un paquet cadeau, une idée cadeau, un cadeau souvenir, etc. Retenons cette pensée d’Apolline : « La gentillesse est éternelle. La méchanceté n’offre qu’un plaisir ponctuel. »

 

La Libre Belgique, samedi 3 et dimanche 4 novembre.