Zazous

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 » C’est étrange ce mélange de frivolité et de noirceur qui fait la couleur de cet automne 1940. Les zincs des bistrots  résonnent aux heures de pointe du caquetage des midinettes et des propos  animés des consommateurs, à commencer par le café de Jo qui a retrouvé ses habitués. »

Quartier général de Josette (as Catherine as Irène), Odette, Sarah,  Marie, Pierre, Jean, Charlie, le café Eva rallie un groupe d’amis, d’étudiants saisis en pleine adolescence par la violence de la guerre. Passionnés de jazz, de swing, ils préfèrent danser leur jeunesse, leur joie forcenée de vivre, que de se soumettre au régime imposé par l’Occupant, relayé par le Gouvernement de Vichy. Ils sont zazous.

 » Malgré leur bêtise et leurs outrances verbales,  les presses vichyste et allemande voient juste. Un vrai mouvement est en train d’éclore dans une partie de la jeunesse de France. Tous ces fans de jazz, qui ont le swing dans le sang, sont bien plus que des hurluberlus aux tenues excentriques, bien plus que des jeunes égarés que les hérauts de la collaboration surnomment désormais par dérision  » les petits swings ». On dit même que des mouvements semblables ont fait leur apparition en Belgique, en Hollande et même en Allemagne. » 

Forme de résistance, de mépris affiché face aux Reich et régime de Vichy, d’ode à la vie qu’il faut continuer à fêter malgré la guerre,  le mouvement zazou  trouve son nom dans la ritournelle  » zah, zuh, zah, zuh…  » qui ryhtme la  chanson, de Johnny Hess, « Je suis swing ».  

Avec le brio qu’on lui connaît, Gérard de Cortanze fait swinger ce phénomène sociétal, lui donne chair et nous fait vivre avec intensité le quotidien de la guerre, ses privations, ses excentricités. Ce faisant, il livre une chronique captivante de Paris sous l’Occupation.

En filigranes,  une subtile histoire d’amour entre une zazou et un officier allemand anti-nazi.

Une lecture recommandée

Apolline Elter

Zazous, Gérard de Cortanze, roman, Ed. Albin Michel, mars 2016,  540 pp

Billet de faveur

AE : vous ressuscitez, Gérard de Cortanze, un phénomène sociétal méconnu.  Cette revendication de la culture – musicale, dans le cas des zazous –face à l’oppression a une résonnance singulièrement actuelle : « Je suis Zazou avant d’être …Charlie » ?

Gérard de Cortanze : Ce livre est un hommage rendue à cette jeunesse qui refuse qu’on lui confisque certes sa joie de vivre, mais aussi et surtout les valeurs qui sont les siennes et qui refuse la barbarie. Cette jeunesse veut chanter, danser, s’habiller comme elle l’entend, lire les livres sans censure, continuer d’aller au cinéma, au théâtre. Cette jeunesse zazoue dans le Paris occupé refuse que Paris, leur Paris, ne soit plus une fête ; cela résonne étrangement aujourd’hui… Aujourd’hui, les zazous seraient descendus dans la rue avec des kippas de toutes les couleurs. Refuser l’ordre établi c’est résister. Les zazous d’hier luttaient contre le nazisme, ceux d’aujourd’hui  font barrage aux loups qui sont en train d’eentrer dans Paris et ailleurs…

 

A noter zazous (1).jpg: La parution conjointe d’un coffret de 2 CD, dont les titres, sélectionnés par Gérard de Cortanze, tapissent de leur bande sonore le texte du roman.

Zazous CD en 4 volumes – compilation opérée par Gérard de Cortanze, éditions E.P.M, mars 2016 (www.epmmusique.fr)