Villa des femmes

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 » Ces événements se passèrent au printemps de 1975, une année que je pensais funeste pour nous, pour les Hayek et leur pouvoir, sans que je puisse me douter, ni quiconque d’ailleurs, qu’elle le serait en réalité pour tout le monde. »

Chauffeur de la richissime famille libanaise Hayek, Noula, le narrateur, observe, du haut du perron et de son indéfectible attachement au clan, le défilé des familles, générations, amis, qui connaîtront la prospérité de l’ère de Skandar, le patriarche, et,  au décès de celui-ci, la faillite directement liée à la gestion calamiteuse de l’entreprise textile par Noula, le fils aîné.

Les violents conflits qui secouent le Liban, au milieu des années ’70, achèvent l’émiettement du domaine des Hayek et d’une villa familiale désormais dévolue à la seule gérance de Marie, la veuve de Skandar, de sa fille Karine et de Mado, soeur, aigre et célibataire du défunt.

Attendu tel le fils prodige, Hareth, fils cadet de la famille, reviendra-t-il, de son exil, ramener un semblant de sérénité et de cohésion familiale?

Tracé de plume élégante, le récit ravit le lecteur de descriptions enchanteresses d’un âge d’or et percutantes, de son déclin. Une empathie se crée,  enveloppée de ce bel écrin d’atmosphère.

Une révélation de la rentrée littéraire.

Apolline Elter

Villa des femmes, Charif Majdalani, roman, Ed. Seuil, août 2015, 280 pp

Billet de faveur 

 AE : Charif Majdalani, vous enseignez les lettres françaises à l’université Saint-Joseph de Beyrouth. Viviez-vous au Liban durant les événements que vous décrivez de façon si percutante ?

Charif Majdalani : J’avais  quinze ans lors du déclenchement de la guerre. Je suis parti faire mes études en France à l’âge de vingt ans. J’ai donc passé les cinq premières années de cette guerre au Liban. Ce sont celles dont je parle dans le roman. Je suis revenu par la suite fréquemment, ce qui fait que je suis resté aussi très proche des événements durant toute la période qui a suivi (et dont je parle dans mon roman précédent).   

AE : Avez-vous une madeleine proustienne liée au Liban ?

 Charif Majdalani : Oui, et elle est olfactive ou auditive ! Ce sont généralement les parfums de certaines fleurs, notamment le jasmin, qui s’épanouit les soirs d’été, et qui me rappelle ma mère qui avait coutume d’en cueillir sur un petit massif que nous avions et de les distribuer sur de petites assiettes dans les chambres de la maison. Il y aussi, et pour cause, le parfum d’une fleur que je n’ai jamais vu en Europe et qui n’a pas de nom en français, la foulla. Aussitôt que je surprends les parfums de ces deux fleurs, c’est toute mon enfance beyrouthine qui se réveille. Et puis il y a aussi, côté auditif, une stridence particulière au chant des cigales dans les pins de la ville, qui me rappelle les étés de mon enfance, et les retours de la plage les après-midi.