Messie malgré tout

9782930585055FS.jpg » Le vieil homme qui buvait avec nous ce soir-là ne faisait pas partie de ma troupe. Il n’avait pas non plus l’allure des touristes habituels de mon concurrent. Cheveux et barbe en broussaille, la peau très pâle, un peu moite, il ressemblait à une saucisse de Francfort dont la date de péremption était largement dépassée ».

Le ton est donné.

Pas facile pour le Messie (mais si, c’est lui) d’atterrir  en notre troisième millénaire, embryonnaire. Vieillard barbu, affublé d’un âne, il débarque là où on ne l’attend pas.De toutes façons, on ne l’attend guère et plutôt que d’affronter une opposition musclée, il ne rencontre qu’indifférence feutrée.

Dix nouvelles, couronnées d’un retour à Jérusalem, offrent au vieil homme tant d’étapes à travers le monde – Buenos Aires, Bonn, Bruxelles, Odessa, Venise, l’Andalousie …- à la  rencontre de son prochain et de son quotidien.

Loufoque, burlesque  et comique se confrontent que sous-tend une reflexion sur notre société contemporaine: sommes-nous prêts à recevoir le message que le Messie entend nous délivrer?

AE

Messie malgré tout, Alain Berenboom,  recueil de nouvelles, Editions Genèse, sept.2011, 144 pp, 17 €

 

  Alain Berenboom sera l’invité de la Librairie La Licorne à Uccle)  jeudi 17 novembre, à 12 heures et du « Litt&Lunch » (AE)  offert à dix lecteurs du magazine l’Evénement. Renseignements et inscriptions: L’Evénement d’octobre .

  Billet de faveur

AE: Alain Berenboom, « votre » messie, vieux et barbu, symbolise-t-il la (ré)conciliation de la religion juive et catholique? Les catholiques n’attendent pas plutôt le retour d’un homme, jeune  – certes barbu –  âgé de 33 ans?

Alain Berenboom: mon personnage est le messie tel que je l’imagine depuis mon enfance, à travers les histoires que me racontaient à ce sujet mon père et la lecture de l’ancien testament.

Dans mon esprit, mon propos est plus fantaisiste que religieux. Je ne crois pas (ou alors c’était inconscient) avoir envisagé ces histoires comme portant un message religieux et en tout cas il n’y est pas question dans mon esprit de la religion catholique (le messie à deux ou trois reprises s’étonne d’ailleurs de l’existence de Jésus qu’il ne connait pas apparemment ! )

AE: L’indifférence – l’apathie même –  que rencontre le Messie, est-elle plus grand fléau de notre société contemporaine?

Alain Berenboom:Non, c’est plutôt le manque de fantaisie. J’aimais bien ce slogan de 1968 : « L’imagination au pouvoir. »

L’indifférence est le résultat d’un manque de volonté de réfléchir, de se cultiver, d’imaginer, pour relancer la civilisation

AE: En quoi consiste votre madeleine de Proust?

Alain Berenboom:Le souvenir de ma maman et de mon papa