Les veilleurs de chagrin

418LPARErPL._SL500_AA300_.jpg » A présent, je me découvre comme un palimpseste. A la façon des moines du Moyen Age, nos parents nous ont inscrit d’autres textes sur un parchemin recouvert d’un récit bien plus ancien. Notre histoire commune est là, mais dessous, dans l’épaisseur du support, un message antérieur existe toujours, nous n’en savions rien mais il palpite comme un coeur dans un corps. »

Tandis que sa mère est internée dans une maison de soin médicalisée, la narratrice rejoint une mission d’anthropologues, au Kosovo, chargés d’exhumer de nombreux  corps des charniers et de déterminer les circonstances de leur décès. Un travail de reconstitution qui lui permet de reconstruire sa propre vie, allégée des strates qui lui furent néfastes.

 » J’ai creusé avec ma pioche, ma truelle, ma souffrance, ma peur, pour dégager cette forme indéterminée qui m’enferme; je l’ai déchirée au scalpel. J’ai mal à moi, à eux, j’ai mal, mais ma bouche tremble du désir de vivre. »

Entrecoupé de séances d’analyse, nourri d’une réflexion profonde sur le sens de la vie,  du déclin mental, de la mort et des « deuils blancs  » qu’il faut opérer,   le deuxième roman de Nicole Roland (Kosaburo 1945 – Actes Sud, 2011 – Prix Première 2011), inscrit  douleur et  douceur au coeur d’une écriture belle et confirmée.

AE

Les veilleurs de chagrin, Nicole Roland, roman, Actes Sud, janvier 2012, 232 pp, 18,9 €