La brûlure

« Les hommes étaient là, à cent mètres, avec les deux voitures: préparant le café, huilant les tronçonneuses, vérifiant les chaînes et les cordes. J’ approchai. Tout était gris, presque tendre, avec ces épaules, ces mains, avec mes amis et derrière eux: l’arbre. Le hêtre nous attendait, à la mesure de nos vies. Un tel matin, dans l’été qui se dresserait bientôt sur nos outils, je me suis senti fort. »

C’est l’histoire – vraie – de Philippe, le grimpeur d’arbres, atrocement agressé par une cohorte de frelons asiatiques.

Christophe Bataille en fait un roman, texte vibrant d’une succession de chapitres, courts, vifs, ardents et de l’assaut d’une horde hitchcockienne d’insectes meurtriers.

Celle qui attaque le narrateur,  en cette fin d’été caniculaire et le précipite à l’hôpital dans un état de souffrance paroxystique .

A son chevet, la femme aimée, deuxième voix du roman, relayée en la dernière partie par le témoignage de Philippe, le grimpeur rescapé.

Sorte de conte polyphonique  La brûlure nous rappelle tant l’intelligence des arbres que la majesté de la Nature et de la nécessaire humilité que nous devons lui manifester.

« Dans le cahier des arbres, il y a déjà celui qui me blessera. Nul ne sait le jour. Il aura ses hautes branches, tournoyantes, maléfiques. Je ne le vois pas encore. Je ne connais pas ses trente mètres, perdus dans la brume, passé le mur circulaire du petit château. Et quand je découvrirai sa hauteur et son nom, ce sera en plein vertige car le vertige, ce n’est pas vers la cime, c’est le sol. »

Apolline Elter

La brûlure, Christophe Bataille, roman, Ed. Grasset, janvier 2021, 160 pp

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