Des hommes et des dieux

Des hommes et des dieux

Et nous…

Librement inspiré de la tragédie de Tibéhirine(Algérie -1996), de la disparition et assassinat, dans des circonstances encore opaques, de sept moines, le superbe film de Xavier Beauvois nous fait entrer, par la magie du grand écran, au sein de la communauté et de son chemin spirituel, trois ans durant.

Début des années ’90: des groupes islamistes (GIA) sèment la terreur à travers l’Algérie massacrant arbitrairement les personnes rétives à leur extrêmisme. La calme et pacifique communauté cistercienne de Tibéhirine est dès lors menacée et se voit invitée à regagner la France. Les huit moines décident, au prix d’angoisses, de confrontations internes et de doutes, de rester en ses murs, conscients que leur présence et les soins que leur dispensaire de médecine prodigue à la population locale sont indispensables à la sérénité de cette dernière.

Attiré au sein de la communauté, de ses offices chantés et de son quotidien par les superbes plans cinématographiques – les visages émaciés, mains noueuses et intensité des regards sont prises d’une beauté époustoufflante –  le spectateur est pris au diapason de celle-ci, sentant plâner sur lui l’épée de Damoclès qui aura raison de la vie de 6 membres de la communauté. La rudesse du climat et le froid qui s’installe transpercent l’écran d’un halo de lumière hivernale.

Interprétation générale magistrale, avec un Lambert Wilson (Frère Christian) et Michel Lonsdale (Frère Luc) criants d’humanité. Une vision subtile de la vie monacale et de son « utilité » qui évite les poncifs qui lui sont parfois attachés.

A voir sans hésitation.

Apolline Elter