Captive

Captive

23 février 2002: prise en otage par les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie), aux côtés d’Ingrid Bettancourt, dont elle orchestre la campagne présidentielle, Clara Rojas restera, 6 ans durant,  prisonnière de la jungle colombienne.

« On vit dans une atmosphère étouffante,malsaine. Chaque journée passe comme une longue asphyxie à laquelle on survit miraculeusement. »

Sa survie, elle la doit à une force de caractère peu commune, une hygiène morale, mentale et cérébrale qui lui évite de sombrer dans le désespoir. Régulièrement, elle s’imposera des jeûnes de neuf jours – des neuvaines – qui renforceront sa volonté et opposeront à ses geôliers le seul espace de liberté dont ils ne peuvent la priver. Et puis, il y a le rôle essentiel de la Foi:

« Elle a pris une importance dans ma vie que je n’aurais jamais pu imaginer. Chaque jour où j’ai été privée de liberté, c’est la foi qui m’a maintenue en vie et je suis convaincue que je n’aurais pas survécu à ce cauchemar si je n’avais pas possédé cette conviction religieuse profonde. »

Un fils, Emmanuel, naîtra durant sa captivité. Il lui sera retiré quelques mois plus tard, atteint de leishmaniose. Clara Rojas connaîtra alors une période de désespoir profond.

Le récit est sobre, pudique, déjà traversé par ce sentiment de pardon dont l’ex-otage sait qu’il constitue le salut de sa sérénité retrouvée.

Au sujet de  la discorde qui a eu raison de son amitié avec Ingrid Bettancourt, Clara Rojas se contentera d’observer: « Ce n’est pas un fait concret qui a rompu notre amitié, mais plutôt une mise à distance progressive et mutuelle liée aux circonstances. » 

Un récit digne. Une leçon de survie ,en même temps qu’une admirable leçon de vie.

Apolline Elter

Captive. Otage des FARC, elle accouche au coeur de l’enfer, Clara Rojas, Plon, avril 2009, 248 pp, 19 €.