A lire : Une gourmandise

  Muriel Barbery, vous connaissez Réaction classique : sitôt la lecture de « L’élégance du hérisson » achevée, vous voulez tout connaître d’elle. Partant, vous découvrez «  Une gourmandise », son premier roman, publié en 2000 chez Gallimard,  traduit en 12 langues et déjà truffé de prix littéraires.  Avec «  Une gourmandise », on assiste aux dernières quarante-huit heures du monarque absolu de la gastronomie.  L’action, si l’on peut dire, se déroule, dans un immeuble, rue de Grenelle, dont la concierge se prénomme Renée… L’agonie du narrateur évoque celle de Monsieur Arthens (L’élégance du hérisson) ; Elle est annoncée par le même Docteur Chabrot.  Quoi qu’il en soit, le propos de l’ouvrage est une quête, rendue urgente par le délai annoncé, d’une sensation gustative enfouie dans la mémoire du narrateur : «  Plus rien n’a d’importance à présent. Sauf cette saveur que je poursuis dans les limbes de ma mémoire et qui, furieuse d’une trahison dont je n’ai même pas le souvenir, me résiste et se dérobe obstinément » (Ed. Folio, p 20)Suprématie de la langue, le style affiche une densité que l’on retrouvera, quelque peu allégée – et ce n’est pas plus mal –   dans « L’élégance ». Les descriptions de  plats sont des sommets de littérature gourmande, tantôt d’une précision chirurgicale, tantôt sensuelles et érotiques jusqu’à l’orgasme.   Et l’on poursuit avec une avidité salivaire ce voyage gastronomique  dans la vie du narrateur, ponctué de chapitres où la voix du narrateur est relayée par celles des membres de son entourage. Le dénouement surprend le lecteur, l’oblige à une réflexion insolite sur la légitimité de l’académisme gastronomique. Muriel Barbery est un grand auteur. Imprégnez-vous sans délai d’ « Une gourmandise », édité version poche, chez Folio.  

Apolline Elter