Se soumettre à la nuit quand le jour bat son plein

« Au sortir de ces siestes trop longues et trop profondes, qui l’engourdissent davantage qu’elles ne le reposent, il éprouve plus puissamment qu’à l’ordinaire lassitude, impuissance et dégoût de lui-même. Plonger si loin, pour revenir si semblable à soi! Se soumettre à la nuit quand le jour bat son plein! Étendu sur son matelas, les yeux fixés au plafond, luttant pour ne pas sombrer de nouveau dans un sommeil de plomb, Flaubert cède à la faiblesse de penser; ses sensations anesthésiées ne le protègent plus contre cette tentation. Et ses idées se déploient, désancrées, implacablement hostiles
au monde auquel rien ne les lie, prenant peu à peu, par la grâce du langage olt elles s’incrustent en d’amères sentences sur le mépris de la vie et le néant de tout, l’apparence de vérités irréfutables. »

Un automne de Flaubert, Alexandre Postel, roman, Ed. Gallimard, janvier 2020, 144 pp

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