Le chocolat des affligés

Le chocolat des affligés

L’auguste Brillat-Savarin, Anthelme de son prénom , était, de son propre aveu, grand amateur de chocolat.

La célèbre Physiologie du goût paraît fin 1825, quelques mois avant la mort de l’illustre gastronome. Elle contient la somme de toute sa science gustative, truffée de digressions gourmandes…

Je ne résiste à vous faire goûter au chocolat des affligés.

 »   C’est ici le vrai lieu de parler des propriétés du chocolat à l’ambre, propriétés que j’ai vérifiées par un grand nombre d’expériences, et dont je suis fier d’offrir le résultat à mes lecteurs.

   Or donc, que tout homme qui aura bu quelques traits de trop à la coupe de la volupté; que tout homme qui aura passé à travailler une portion notable du temps qu’on doit employer à dormir; que tout homme d’esprit qui se sentira temporairement devenu bête; que tout homme qui trouvera l’air humide, le temps long et l’atmosphère difficile à porter; que tout homme qui sera tourmenté d’une idée fixe qui lui ôtera la liberté de penser; que tous ceux-là, disons-nous, s’administrent un bon demi-litre de chocolat ambré, à raison de soixante-douze grains d’ambre par demi-kilogramme, et ils verront merveilles.

   Dans ma manière particulière de spécifier les choses, je nomme le chocolat à l’ambre chocolat des affligés parce que, dans chacun des divers états que j’ai désignés, on éprouve je ne sais quel sentiment qui leur est commun, et qui ressemble à l’affliction. »

Physiologie du goût, Brillat-Savarin, Flammarion,  coll. Champs classiques, présentation de Jean-François Revel, 1982.

Apolline E.

 

Rendez-vous samedi 26 décembre pour la suite de notre feuilleton festif consacré au chocolat dans la littérature.