Les brumes de l’apparence

Les brumes de l'apparence 

 «  Je voudrais raconter cet été de la métamorphose avec le plus de clarté possible, d’honnêteté. Retourner comme une crêpe tout ce qui me dérange aujourd’hui, tout ce que je fus, il n’y a pas si longtemps sans même en souffrir »

Promesse tenue.

En route pour Fermet-le-Bois , bourgade rurale de la France profonde, la Parisienne et très citadine Gabrielle s’apprête à découvrir la maison de famille héritée de sa mère. Elle n’a qu’une idée: vendre la propriété  au plus tôt et réintégrer la vie brillante et établie qu’elle mène auprès de son mari, Stan, chirurgien esthétique et son métier d’organisatrice professionnelle et… speedée d’événements d’envergure.

 » La ruine dont j’ai hérité émerge d’un fouillis de ronces, telle une construction de La Belle au bois dormant, sans le charme nécessaire à la visite d’un prince. »

Il s’avère rapidement qu’il y a deux maisons, délabrées, qu’elles sont hantées…et, l’une, plutôt malfaisante.

Assistée de Jean-Pierre Moulin, un agent immobilier hors normes, Gabrielle va peu à peu réaliser qu’elle est investie d’un don de médiumnité, de guérison et de communication avec les morts. Sa vie et la logique rationnelle qui la soutient vont en être progressivement bouleversées. Une métamorphose que la narratrice  décrit avec brio, force images à l’appui et un pouvoir de conviction qui rejoint par bien des liens les observations métaphysiques de Didier van Cauwelaert.

 » Ce n’est pas rien de tutoyer l’éternel, .. »

Une réflexion plutôt encourageante sur la beauté et la pérennité de la vie

Une lecture recommandée.

Apolline Elter

 Les brumes des apparences, Frédérique Deghelt, roman, Ed. Actes Sud, mars 2014, 368 pp, 21.8 €

 

 Billet de faveur

 

AE:  » Tu sais, ma chérie, quand on comprend qu’on ne peut pas être détruit parce qu’on est fait de lumière, … » déclare  la délicieuse Francesca à sa nièce Gabrielle.

Vous adhérez, vous, Frédérique Deghelt à cette vision de l’éternité de notre âme? 

Frédérique Deghelt: Il y a des livres qui nous changent, nous malmènent et nous emmènent sur des chemins que nous ne voulions pas prendre. Au delà des apparences, se trouve ce qu’on pourrait appeler l’âme qui n’est ni l’esprit, ni l’intelligence. C’est une sorte d’intériorité qui, selon les personnes, est étouffée ou peut s’exprimer librement. Quand on l’étouffe, elle se rebelle et convoque le corps qui crie misère. C’est ce que j’ai découvert en écrivant ce roman, en faisant le lien entre les 42 livres lus et les témoignages divers que j’ai recueillis. Et puis le travail des invisibles, les petites voix qui soufflent a été phénoménal et troublant. Je fus accompagnée par une bande d’éternels !

AE: votre écriture est belle, imagée,  rythmée. Vous énumérez, fin d’ouvrage, la liste des extraits musicaux qui l’ont soutenue.  La musique est-elle indispensable à votre travail? 

Frédérique Deghelt: Indispensable oui. Bien que je n’en écoute jamais au moment même où j’écris. Les musiques citées à la fin du roman sont en quelque sorte une bande son qui accompagne les mois d’écriture dans les moments où je n’écris pas. Mais c’est quand on n’écrit pas que le livre s’écrit. Au moment même où l’on trace, on imprime ce qui est prêt !

AE: Question rituelle de nos billets de faveur, en quoi consiste votre madeleine de Proust:

Frédérique Deghelt:  Á retrouver avec le plus de vérité possible, les sons de l’enfance, les saveurs, les visions. C’est un voyage dans les émerveillements liés à la découverte première.