Quatrième de couverture

livres-20pile1.jpgNe quittons pas février – heureusement allongé d’une journée – sans vous offrir, en guise de « quatrièmes de couverture » un survol et les communiqués de presse de quelques parutions de ce début d’année passées entre mes mains….

 Paru le 5 janvier

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Culture. Etat d’urgence, d’Olivier Poivre d’Arvot, Ed. Tchou, 150 pp, 9,95 €

« Le livre (communiqué de presse) :

Dans les années trente, en pleine dépression, l’Amérique de Roosevelt invente le New Deal, investit massivement dans la création, et assure ainsi la relance économique en même temps qu’une domination culturelle dont le Vieux Monde fait toujours les frais. Sur fond de crise et de révolution numérique, la France peut-elle encore, tête de pont d’une Europe bien timide, relever le défi, faire le pari de l’investissement et de la croissance et inventer une nouvelle donne culturelle ?
Oui, assure Olivier Poivre d’Arvor dès lors que la culture redevient au coeur d’un projet politique, comme François Mitterrand l’a incarné, un véritable choix de civilisation.

Ce New deal à la française passe par quelques axes forts : un investissement massif dans l’éducation aux arts et à la sensibilité, un pacte entre science, technologie et culture, un soutien accru à la création et une ouverture aux expressions du monde. Mais également par une plus grande démocratie culturelle, une implication retrouvée des citoyens dans l’appropriation de leur fabuleux patrimoine comme par une gouvernance pleinement assurée par les territoires.

Une certitude ressort de cet essai engagé : avec 1% de la population mondiale, une globalisation à grande vitesse et le spectre de la crise qui s’abat sur elle, la France ne se distingue désormais plus que par sa culture, sa langue, sa capacité à mener la guerre douce de l’influence, le soft power. Réveillez-vous les politiques ! A trop tarder et à préférer l’héritage des anciens à l’audace des nouvelles générations, notre pays est menacé, à très court terme, de perdre son avantage. L’état d’urgence est proclamé.

L’auteur

Olivier Poivre d’Arvor, philosophe de formation, écrivain et diplomate, a été, dix années durant responsable de la politique culturelle extérieure du Quai d’Orsay. Il est aujourd’hui directeur de la station de radio France Culture.

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Paru le 10 janvier:

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Astrid et Veronika, Linda Olsson, trad. de l’anglais par Mélanie Carpe, roman, Ed. l’Archipel, 272 pp, 19,95 €

« Veronika, écrivain, la trentaine, quitte la Nouvelle-Zélande pour revenir en Suède, son pays natal, afin de se reconstruire et d’y achever son roman.
Elle loue une maison isolée en pleine campagne, avec pour seule voisine une vieille dame, Astrid, une octogénaire qui vit en quasi-ermite et l’observe s’installer avec retenue.
Au fil des saisons, les deux femmes nouent pourtant une amitié improbable qui va bouleverser leur vie. Par petites touches, elles se racontent les drames de leurs vies et leurs inavouables secrets.
Ce faisant, elles se libèrent du poids du passé et, surtout, réussissent à se souvenir des belles choses qu’elles croyaient oubliées à jamais : un sourire, une musique de Brahms, la beauté de l’amour…
Ce roman sensible et délicat, servi par une belle prose, s’attache à la vie de deux femmes recluses dans leur solitude qui s’ouvrent de nouveau au monde. »

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9782350871813.jpgParu le 12 janvier

Je vais beaucoup mieux que mes copains morts, Viviane Choucas, roman, Editions Héloïse d’Ormesson, 176 pp, 17 €

 On ne disparaît pas impunément d’une maison de retraite avec des pensionnaires qui ont pris la poudre d’escampette. La jeune Blanche, animatrice de l’atelier d’écriture, complice malgré elle, le sait bien. L’improbable gang en cavale est mené par un petit bout de femme en fauteuil roulant, une septuagénaire qui perd gentiment la boule, et deux papis flingueurs armés d’un pétard et d’une canne de mousquetaire. Ces vieux-là gardent le poing levé et sont décidés à faire danser encore un peu le monde sous leurs pieds.

Une utopie du troisième âge, dont les héros ne sont ni sages ni assoupis. Subtil, drôle et désinhibé, Je vais beaucoup mieux que mes copains morts insuffle un ébouriffant vent de liberté, à rebours des préjugés.

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Paru le 26 janvier:

L’été de l’ours, Bella Pollen, roman, traduit de l’anglais par Florence Bertrand, Ed. Belfond, 420 pp, 21.5 €

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« Poignant, bourré d’émotion et de poésie, un roman au charme particulier, qui oscille entre rire et larmes. Une oeuvre lumineuse, dont la lecture captive autant qu’elle réconforte.

Après le décès aussi soudain qu’inexpliqué de son époux, haut diplomate anglais, Letty Fleming prend une décision : fuir l’ambassade de Bonn en pleine guerre froide et s’installer avec ses trois enfants sur une île d’Écosse.
Mais la distance n’y fait rien, Letty ne peut se détacher de ces questions : son mari était-il vraiment le traître qu’on lui a dépeint ? Et quelles menaces rôdent autour des siens ?
Comblant les silences de leur mère et l’absence de leur père, les enfants, eux, tentent de reconstruire leur vie. Tandis que la douce Georgie découvre les joies de l’amour, la terrible Alba passe son chagrin et ses nerfs sur son jeune frère. Hypersensible, doté d’une imagination sans bornes, Jamie envoie des bouteilles à la mer en songeant à celui qui ramènera leur père…

Arpentant les plages et la lande désolées, un ours solitaire rêve de liberté et d’une âme à sauver… »

 

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Paru le 2 février :

51c-uh8rgtL._SL160_AA115_.jpgLe Diable de Radcliffe hall, de Stéphanie des Horts, Ed Albin Michel, 296 pp, 19,5 €

Introduite chez les Radcliffe et une aristocratie  pour le moins déjantée, la jeune , richissime et américaine héritière Maisie Kane découvre une Angleterre d’après-guerre ..fascinante.

« Il est des choses immuables. Ainsi des meurtres dans les manoirs anglais. Ils ont toujours lieu le week-end »

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Auprès des Editions Weyrich:

Le lait de la terre, Alain Bertrand, roman coll. « Plumes du coq », février 2012, 192 pp, 14 €

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Résumé (communiqué de presse):

Charles quitte Bruxelles pour vivre dans un village d’Ardenne. Il espère y trouver le calme, le bon air et une nature souveraine. Mais les vieux clichés ne résistent pas au choc des rencontres et à la colère du monde agricole.
Car rien ne se passe comme prévu…
Certes, Maria cultive des escargots, et Jules sonne de la trompe de chasse, et André engloutit des casiers d’Orval pendant que le gros Louis circule à bord de son tracteur.
Mais il y a Irène, la fermière aux cheveux roux et le cortège de menaces qui pèsent sur l’agriculture traditionnelle…
La crise du lait contraint les paysans à déverser des tonnes de matière première dans les champs…
Dans son style tout de délicatesse et d’impertinence, Le lait de la terre constitue à la fois un roman d’amour et une plongée sans concession dans un monde rural.

 

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 Les Années plastique, André-Joseph Dubois, roman, coll. « Plumes de coq », février 2012, 232 pp, 15 €

Résumé (C.P)

Ils avaient cru changer le monde, ces « jeunes gens » des années soixante… Pour Franklin, Hélène, Alice et les autres, ces Années plastique ont les formes d’un monde neuf où les séductions de la société de consommation le disputent aux élans de l’engagement tiers-mondiste, féministe ou structuraliste.

Portrait à la fois drôle et tendre de la jeune génération d’une époque où tout semblait permis, Les Années plastique est un roman vif et caustique sur l’éternelle comédie de vivre. En Wallonie, par exemple. Et pourquoi pas à Liège ?

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Paru le 9 février:

Le dernier contrat, Olivier Maulin, roman, Ed. La Branche, coll. « vendredi 13 », 192 pp, 15 €

le_dernier_contrat_01.jpg« Dans un futur étrangement proche, un prêtre révolutionnaire et un tueur à gage en préretraite jouent ensemble aux redresseurs de torts nationaux.
Laminée par une crise économique et politique sans précédent, la France est plongée dans le chaos.
Frère-la-Colère, un moine charismatique et exalté, émerge de la confusion, fédérant bientôt les rebelles de tout le pays pour renverser le pouvoir en place et hâter l’effondrement général. Prêt à tout, Frère-la-Colère engage un tueur à gages, un pro sur le retour, dépressif et alcoolique. Son contrat : assassiner le président de la République le samedi 14 juillet, pendant le défilé. L’avenir de la Rébellion ne dépend plus désormais que d’un seul homme… « 

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C’est avec plaisir que je joins aux extraits des communiqués de presse, le message d’un de nos visiteurs, Patrick Manoukian, relatif à l’ouvrage, Le Temps du voyage, qu’il publie aux Editions Transboréal,

Le+temps+du+voyage.jpg » Petite pratique de la nonchalance dans l’art de voyager J’ai sûrement été le seul beatnik de l’époque à avoir traversé tous les Etats-Unis d’Est en Ouest en trois jours de stop non-stop pour assister au festival de Woodstock et m’apercevoir, en arrivant en Californie, que le festival s’ouvrait le jour même sur la côte Est à vingt kilomètres à peine …de mon point de départ. Mais depuis j’ai couru le monde et, comme vous le savez, les voyages déforment heureusement la jeunesse. Je suis alors devenu adepte du « Temps du voyage», et je vous en confie les secrets dans cette « Petite causerie sur la nonchalance et les vertus de l’étape », essai chaleureux et lumineux sur une autre façon de voyager Morceaux choisis pour vous : « C‘est le temps qu’on leur accorde qui rend les choses belles (…) L’idée me vint alors qu’il pouvait en être de même pour les voyages. Il devait y avoir des voyages que le voyageur, par sa façon de voyager, rendait heureux. Heureux qui comme Ulysse…Peut-être l’attention et le temps que nous devrions porter à chacune de nos étapes pourraient-ils en changer la nature, et faire d’elles des moments privilégiés capables de transformer l’esprit même du voyage. » « Il n’y a pas pire étape que celle qui ressemble à l’idée qu’on s’en faisait. Pour voyager heureux, il faut voyager surpris, c’est-à-dire ne pas avoir de but pour saisir, à chaque instant, l’occasion d’une halte imprévue » « Contrairement au touriste en visite, ou plus généralement au voyageur organisé qui cherche à retrouver ce qu’il s’attend à voir, le voyageur nonchalant qui fait étape n’est pas curieux de ce qu’il cherchait, mais plutôt de ce qu’il trouve. » « Voyager côte à côte, marcher ensemble, régler son pas l’un sur l’autre, se parler en regardant la même route…depuis longtemps je ne m’assieds plus face aux gens mais à leur côté. Ce simple détail suffit souvent à changer l’émotion des rencontres (…) Côte à côte, on a toujours l’impression que l’horizon, au loin, rapproche les vies parallèles. Face à face, en revanche, la présence de l’un marque physiquement la limite de l’autre. (…) Assis côte à côte à regarder un même événement ou un même paysage, on partage un regard différent sur une même chose. Assis face à face, le regard devient un jugement et une mesure de l’autre… » « Le voyageur n’est pas vierge de toute culture, et celles qu’il aborde ne sont vierges que pour lui. Nous promenons tous avec nous notre monde en bandoulière… » « Comme nous buvions du thé au lait salé, l’image m’est venue d’une émotion qui infuse en nous comme un thé dans l’eau bouillante. Le monde c’est l’eau, le thé c’est nous. Seul ce qui sort de notre moi le plus intime donne sa couleur et son goût au monde qui nous entoure. C’est en cela que chaque voyageur fait un voyage différent. » Le Temps du Voyage , de Patrick Manoukian Editions Transboréal – 96 pages / 8 euro www.transboreal.fr »

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A paraître en ce mois de mars, de foire du livre de Bruxelles et du salon du livre de Paris

le_refugie_et_l_exile_01.jpgLe Rescapé et l’Exilé, Stéphane Hessel, Elias Sanbar, essai, Don Quichotte éditions, 1er mars 2012, 192 pp, 16 €

Le livre (C.P)
« Que peut-on dire de nouveau sur un conflit plus que centenaire, déjà amplement documenté et étudié, et dont les paramètres de solution sont aujourd’hui connus et reconnus par l’ensemble de la communauté internationale ?
Stéphane Hessel et Elias Sanbar se sont d’emblée accordés sur une démarche originale : retracer et analyser le cours des événements qui ont conduit à l’actuelle impasse (en se fondant chacun sur sa propre expérience pour expliquer son engagement et son évolution quant à l’approche de ce long et douloureux conflit), et s’interroger sur le rapport entre légalité internationale et justice historique. Tous deux reviennent ainsi au cours de leur dialogue, dans le même souci de combiner témoignages et réflexions, sur les grandes dates du conflit, à commencer par la création de l’État d’Israël en 1948, dans un contexte géopolitique de guerre froide évidemment particulier, et la disparition de la Palestine. Croisant leurs regards, ceux de deux hommes d’origines, de générations et de formations distinctes, les auteurs relatent d’abord leurs guerres de 1947-1948, conséquence du vote du partage par l’ONU en novembre 1947, et de la proclamation de l’État d’Israël en mai 1948.

Le premier, Stéphane Hessel, ancien résistant et déporté à Buchenwald, était à l’époque diplomate en poste au siège de l’ONU à New York ; il explique pourquoi il était favorable à la création d’Israël : « Nous pensions que cette grande religion avait cessé de disposer de lieux où ils auraient été vraiment chez eux. » Face à « la barbarie nazie, perçue comme la quintessence du mal, la réponse adéquate [la création d’Israël] devenait une quintessence du bien […] et c’est ce qui fait que tous ceux qui s’y opposaient se retrouvèrent dans le camp du mal. » D’où son soutien net et franc à la décision de l’ONU. En outre, le projet sioniste avait cela de fort qu’il présentait la création de l’État d’Israël en Palestine comme une restauration d’un État préexistant, mais disparu. Cette mythologie du retour des Juifs dans leur terre historique a faussé la donne dès le départ : puisque les Juifs rentraient chez eux, après bien des malheurs, les Palestiniens devaient partir.
Elias Sanbar, quant à lui, n’était encore qu’un enfant, né à Haïfa un an seulement avant la guerre. Il s’est aussitôt retrouvé, avec les siens, sur les routes de l’exil. « Je ne pouvais concevoir que cette chose qui se soit passée si loin [l’extermination des Juifs d’Europe par le régime nazi et ses complices] ait pu justifier mon exil, le fait que, moi, je me trouvais à Beyrouth et pas chez moi. » À cette époque, les Palestiniens n’existaient pas pour le monde occidental, il n’y avait, dans cette région, que des Jordaniens, des Libanais ou des Syriens. De plus, les territoires cédés aux Juifs étaient des colonies de l’empire britannique, puissance coloniale de la région. Selon cette idée, qu’Elias Sanbar analyse comme une sorte de myopie, les Arabes de Palestine, colonisés par l’empire britannique, ne faisaient pas de concession puisque seuls les Britanniques pouvaient céder une partie de leurs territoires. C’est pourquoi, paradoxalement, ce conflit a permis au peuple palestinien de s’affirmer, obligé qu’il était de défendre avec virulence son existence, son identité et surtout son nom, pour sortir de l’oubli où on l’avait plongé et qui a facilité la dépossession de leur terre, considérée dès lors comme vide : « Nous sommes des disparus, nous ne sommes pas des occupés. » Le peuple palestinien n’était en effet pas occupé, mais chassé, puis réfugié dans les pays arabes des alentours. Et, de fait, un peu oublié dans le contexte de la guerre froide et des pressions, ce qui a permis à Israël de poursuivre son expansion. La Palestine des premières années de guerre était vécue comme « un trou noir ». « Si l’on voulait résumer le mouvement de libération national palestinien, c’est un combat acharné pour retrouver une visibilité et réimposer la présence de son nom : Palestine, Palestiniens. C’est fait. » La Palestine est en effet définie par les résolutions 242 et 338.

Hessel et Sanbar s’attardent sur la suite du conflit, qu’ils recadrent dans la situation du Proche-Orient dans les années cinquante et soixante, avec l’avènement de Nasser, en revenant sur les différents textes de loi, traités, conventions, résolutions, etc. qui l’ont jalonné et qui, espèrent-ils, finiront par être appliqués. Ils analysent le subtil découpage du territoire entre 1948 et 1967, conduisant à la guerre des Six Jours – qui coïncide avec le vingtième anniversaire d’Elias Sanbar, qui raconte la mort de son père, d’une crise cardiaque, deux jours après la défaite de Karameh, en mars 1968. Puis viennent l’occupation et la colonisation de la Cisjordanie, de la Bande de Gaza et de Jérusalem-Est, la naissance de la résistance palestinienne, après la déroute de 1967, et la mise sur le devant de la scène du terrorisme, le déclenchement et le blocage du processus de paix, malgré, de la part des Palestiniens, la reconnaissance des Israéliens, mais non pas d’Israël, et la proposition, en 1969, alors que tout le monde est en guerre, d’un projet de vie en commun, hélas très vite suivie, en 1970, du fameux Septembre noir, puis, en 1973, la guerre de Kippour.
Les deux hommes s’attachent à retracer les changements d’attitude du monde extérieur, notamment avec les deux intifadas, différentes dans leur nature et leurs effets : la première, faisant apparaître les images d’enfants se battant à coups de cailloux face à des chars israéliens, a largement contribué au changement d’opinion qui s’est opéré en faveur des Palestiniens. La seconde, en revanche, a eu moins d’impact, puisqu’elle mettait à l’oeuvre des hommes en armes.
De son côté, Stéphane Hessel dit que, lui aussi, a changé d’opinion et explique les raisons qui l’ont conduit à reconsidérer son soutien inconditionnel à Israël après 1967 et la guerre des Six Jours quand, selon lui, l’argument de légitime défense brandi par Israël ne tient plus : « Là, ce n’était plus l’État d’Israël né d’une décision de l’ONU en 1947, d’une décision de partage et de la guerre de 1948, mais c’était un État qui, quelques mois après l’annexion de Jérusalem, capitale éternelle d’Israël, annonce l’annexion du Golan syrien, donc se situe en dehors de la légalité internationale. » Il pointe ainsi du doigt l’impunité d’Israël qui se fait jour à l’époque (et dont le pays a conscience et joue à l’envi) ainsi que son arrogance : Israël ne suit aucune des décisions de l’ONU qui oeuvre pour la résolution pacifiste du conflit et se place, en continuant à coloniser des territoires d’une main tout en signant des traités de paix de l’autre, dans l’illégalité par rapport au droit international. Plus tard, ce sont les liens d’Israël avec les oligarchies financières du monde entier, leur mainmise sur le conflit, qu’ils aiguillent selon leur convenance, qui indignent Stéphane Hessel : « Je n’avais pas soupçonné la force extraordinaire de nos vrais ennemis, qui sont des oligarchies financières et économiques pour lesquelles ce qui compte, c’est de pouvoir continuer de faire des profits », notamment des conflits.
Pour les deux auteurs, la question qui se pose, fondamentalement, c’est de savoir si Israël veut vraiment la paix : sa demande d’homogénéité politique à la Palestine, préalable à toute réconciliation, qu’eux-mêmes ne connaissent pas (il suffit de voir les mouvements radicaux dont les élus siègent à l’Assemblée israélienne) jette
un doute sérieux sur leur sincérité. Mais, surtout, ils s’interrogent sur la possibilité même de cette paix, quand plusieurs générations
ont été élevées dans la peur du voisin arabe malintentionné, face auquel la seule solution proposée est de rester soudés, en votant massivement pour le parti colonisateur au pouvoir en Israël.
Toutefois, Israël n’est pas le seul objet d’interrogation : Stéphane Hessel et Elias Sanbar doutent si un État palestinien, même petit, est possible, même si le peuple a déjà accepté que leur État ne recouvrira qu’une petite partie (22 %) du territoire historique de leur patrie – ce qui, il faut le rappeler, est une énorme concession.
Pour conduire leur réflexion, ils analysent les notions clefs, nécessaires pour comprendre ce conflit, toujours en résonance avec quelques grands questionnements du monde contemporain : que signifie le partage d’un territoire ? Peut-on comparer les malheurs de deux peuples ? Faut-il accorder les mêmes droits aux victimes et à leurs descendants ? Comment un peuple peut-il se définir sans terre ? Un État réside-t-il simplement dans ses institutions ? Qu’est-ce que la souveraineté d’une nation ? Où finit la résistance, où commence le terrorisme ? La violence peut-elle être légitime ? Si elle est légitime, est-elle utile pour autant ? Y a-t-il un bon et un mauvais usage de la mémoire ? Quels sont les liens que le politique doit entretenir avec l’éthique ?
En analysant les causes du conflit et les éléments qui, jusqu’à présent, ont empêché les négociations d’aboutir, Stéphane Hessel et Elias Sanbar parviennent à trouver encore des raisons d’espérer. C’est qu’ils considèrent que la solution doit advenir de l’extérieur, tout comme le conflit a d’ailleurs été souvent entretenu par le monde extérieur défendant ses intérêts plutôt que le bien public. Un changement de vision s’impose donc. Les grandes puissances du monde moderne doivent tout d’abord abandonner leur lâcheté politique, qui consiste à ne pas dépasser le stade du « les torts sont partagés, il y a des méchants partout, que pouvons-nous faire ? »
Ils en appellent à sortir le conflit de son caractère exceptionnel, relayé par l’Occident, de bataille pour une terre sainte, trop lourd à porter, à refuser de prendre en considération les « sensibilités » des parties en jeu, qui ne devraient rien avoir à faire avec la négociation d’un traité de paix, et prônent un retour à la banalité. À cette condition seulement la justice pourra être la même pour tous, Israël sortira de son impunité et de son arrogance. Selon Elias Sanbar, « les Palestiniens ne doivent pas être chargés d’une mission impossible, qui est celle de réconforter les Israéliens et les Juifs en général de ce qui leur est arrivé. Personne n’arrivera à le faire », car le traumatisme est trop lourd. Aussi Stéphane Hessel et lui choisissent-ils de considérer la guerre israélo-palestinienne telle une banale dispute de territoires, comme le monde en connaît tant d’autres.
Sur la possibilité même d’un État palestinien, ils posent comme préalable le retrait des colonies en Cisjordanie, comme cela a été déjà le cas à Gaza. Ils préconisent surtout de travailler à former une région forte, à l’intérieur de laquelle tous les pays auraient un rôle à jouer et où Israël et la future Palestine pourraient vivre ensemble sereinement, comme cela fut le cas pour la France et l’Allemagne après la guerre de 1945, où la construction de l’Europe a facilité les rapports des deux pays. Surtout, il faut continuer à réclamer de petites choses concrètes, pour permettre un bon voisinage, envisageable même avant la réconciliation.
Elias partage ainsi l’espoir de tout son peuple, qui, dit-il, même après la Naqbah (l’expulsion massive des Palestiniens de leur pays), y compris quand ils se sont retrouvés hors de leurs frontières, n’a jamais voulu se résoudre au fait que leur situation de déplacés soit définitive : ils ne peuvent se l’imaginer, leur terre n’est pas pour toujours perdue. Il assure également, si l’on en doutait, que dans la société palestinienne, ce n’est pas la haine qui est à l’oeuvre, seulement une réaction normale face à l’adversité. Stéphane Hessel en appelle au réveil du peuple israélien, qui ne doit pas perdre la foi en un avenir heureux et rayonnant du judaïsme. Mais pour ce faire, Israël doit renoncer à sa politique meurtrière et arrogante qui, un jour, risque de devenir irréparable : « L’impunité, c’est une chose, mais la respectabilité, c’en est une autre. » Ainsi l’auteur d’Indignez-vous envisage-t-il une solution dans la foulée du printemps arabe : le réveil du peuple israélien, qui sortirait de la peur du monde extérieur entretenue par leurs dirigeants mal intentionnés : « Je crois que la solution ici, comme au Soudan Sud ou en Birmanie, dépend de la prise de conscience parmi les citoyens du monde et les politiques que les citoyens du monde sont prêts à mettre à la tête de leur État, d’une vision nouvelle, harmonieuse et équilibrée, […] avec un droit international fort. » Un mouvement poético-culturel, en d’autres termes, pour fonder un monde harmonieux et équilibré.

Hommes de culture, férus de poésie et de musique, Stéphane Hessel et Elias Sanbar débordent aussi dans ce livre le cadre strictement politique de la question palestinienne et du conflit israélo-arabe pour proposer une vision humaniste de l’avenir qui exige, au-delà de la conclusion d’un traité de paix, une véritable réconciliation entre Palestiniens et Israéliens, et plus généralement entre Juifs et Arabes.

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pangee_01.jpgPangée, Alexandre Grondeau, roman,  Ed. La Lune sur le Toit Editions, 1er mars 2012, 352 pp, 18 €

Le livre (C.P.)

« Pangée, trente ans, n’aime pas la religion. Il moque les croyants, leur foi, leurs rituels, et déteste plus que tout les Églises et leurs clergés. Il décède et se retrouve, à sa grande surprise, admis au Paradis, où il débute une série d’incroyables découvertes. Imaginez plutôt un jardin d’Eden que l’on a oublié d’entretenir depuis 2000 ans, des anges qui s’enivrent pour oublier leur asexualité, une absence totale d’autres élus avec qui partager l’éternité, l’incroyable réalité de l’enfer et un Créateur qui ne veut plus s’occuper de l’humanité. Le jeune homme refuse son sort quand il apprend qu’il est le premier à être admis depuis plus de deux mille ans et qu’il n’y a Ici-Haut ni femmes, ni compagnons, personne à qui confier ses espoirs de vie éternelle. Allant de surprise en surprise, il entame une longue quête et réalise qu’il ne pourra compter que sur lui-même, que Dieu existe ou non »

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une_vie_sans_gluten_01.jpgUne vie sans gluten,  Delphine de Turckheim, témoignage, E. Tchou, 1er mars 2012, 144 pp, 14,95 €

 

« Si le docteur Jacob n’avait pas trouvé ce que tu avais, tu serais probablement morte avant six ans… Je n’avais guère prêté attention à l’intensité de cette phrase ni à sa signification, lourde de sens, jusqu’à ce que je rencontre les parents d’un enfant intolérant au gluten, il y a quelques années. Des parents […] si impuissants devant cette « maladie, allergie » qu’ils m’ont presque sauté au cou de soulagement lorsque je leur ai dit que, moi aussi, j’étais intolérante depuis ma naissance. »

Note de l’éditeur
Ce récit vibrant d’une jeune femme qui se bat au quotidien contre la maladie coeliaque, apporte un message d’espoir et des réponses concrètes aux malades comme à leur famille pour accomplir le geste le plus simple au monde, mais incontournable et vital : s’alimenter. La preuve que l’on peut vivre presque normalement avec cette lourde pathologie. Une énergie à toute épreuve et un bel exemple de courage, un baume au coeur de tous ceux que la maladie entrave dans leur vie de chaque jour. »
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Les éditions M.E.O  publient deux romans, ce 1er mars, premier jour de la Flb,
 
1. Ciel Seraing,  premier roman de Frédéric Bozidar ( 144 pp – 16 €), polar, basé sur la découverte d’un manuscrit anonyme , Chonique d’une enquête inachevée« , qui met en scène une série de meurtres, commis  d’une « arme droit sortie des mangas japonais » . Le commissaire Mario Vukonic est ainsi plongé « dans les arcanes de la mondialisation, du grand banditisme international en col blanc et de leurs sbires fanatiques. »
 
2. La mendiante, de Drazen Katunarié, traduit du croate par Gérard Adam ,  (roman, 208 pp, 18 €), « inversion contemporaine du mythe d’Orphée où la femme est la musicienne, précipitée en enfer par celui-là même qui  s’imagine vouloir l’en arracher. »
 
mendiante-1c.jpgLes Editions M.E.O seront présentes à la Foire du Livre de Bruxelles (1-5 mars)
 
Je vous fixe rendez-vous, demain, pour le premier jour de la Foire et la publication du coup de coeur de lecture de notre gagnant(e)…..