Mar-dites-moi, Ginia

Le merveilleux roman biographique qu’Emmanuelle Favier consacre à Virginia Woolf se dote d’un passage qui décrit les début épistolaires de  » Miss Jan » as  (Vir) Ginia, aux côtés de sa soeur (Va)Nessa :

« Plume ou pinceau, elles se rejoignent dans ce rapport sensuel à l’inscription, aiment physiquement la pointe au bout de laquelle se crée la forme. Pour miss Jan, trouver la plume idéale, l’encre idéale, le papier idéal devient vite
une obsession d’enfant. En tant qu’épistolière débutante mais scrupuleuse, elle se désespère de savoir que la couleur qu’elle pose sur le papier va irrémédiablement tourner : sitôt posée elle a déjà perdu de sa brillance, et le temps que son correspondant la reçoive le bleu intense aura viré à une boue tiède. Mais cela n’arrête pas ses enthousiasmes de chroniqueuse en herbe, qui jouit de livrer à autrui par lettre ou journal interposé le récit de son quotidien. Les deux sœurs travaillent dans une petite pièce contiguë au salon, baignée de lumière par une lucarne et des fenêtres donnant sur le jardin à l’arrière, ainsi que par des vitres ouvertes dans le mur intérieur. C’est devenu leur repaire. »

Virginia, Emmanuelle Favier, roman, Ed. Albin Michel, août 2019, 300 pp

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *